10.1. Ce qu'elle doit

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Mai 3517

C'est un chaton aux poils d'encre qui capte l'intérêt des caméras de Yuei, avant de déterminer, après des heures de caresses intempestives, de ronronnements, et d'autres comportement tout à faits, et peut-être trop, normaux, que le petit animal ne représente aucune menace. Et passant entre les arbres, de l'ombre au soleil, et des zones vides aux coins plus animés, la chose à pattes se déplace, entre les espaces, découvrant visiblement l'endroit.

Le chaton aux poils noirs marche tranquillement dans les chemins de pierre menant au dortoir de la classe B. Il n'y a aucune raison qui pourrait l'empêcher de se déplacer comme bon lui semble dans cette école, et ce sentiment est d'autant plus justifié que personne ne s'est mal occupé de lui depuis qu'il arpente l'endroit, les moustaches trainant un peu partout, avant de subir le poids de la fatigue.

Epuisé par la distance parcourue, il vient s'allonger dans l'herbe, près d'une baie vitrée, à l'ombre, roulé en boule sur lui-même. Il parvient à y dormir plusieurs heures, à vue de truffe, avant qu'un craquement lui fasse vivement redresser la tête, pour constater avec un certain affolement qu'il a été découvert par cette personne.

Une petite main se pose sur sa tête, encore plus petite, la lui faisant baisser de par le poids énorme que la main représente, sur un corps aussi fragile que le sien. Et il n'a pas le temps de miauler qu'on l'attrape avec une délicatesse de brute qui n'a jamais été câlinée ou plus depuis longtemps, qu'une voix insupportable lance :

- Eh, ce chat est à quelqu'un ?

Un troupeau d'adolescente se regroupe auprès de la petite bête noire et de son porteur, qui se plaint tout aussi bruyamment du fond sonore :

- Oh, montre !

- Trop choupi !

Plusieurs mains se tendent, et la créature frissonne d'effroi.

- Oh ! Doucement ! s'exclame celui qui l'a dans les bras. Vous allez lui faire peur.

Le chaton ne l'a pas attendu pour être effrayé, et toutes griffes dehors, il s'accroche à la pauvre veste grise dont les fils se tirent à vue d'œil. Et puis soudain, une main plus forte l'agrippe, passée par-dessous son ventre.

Le petit animal geint, et une voix morne lui répond :

- Doucement, tu vas te faire mal.

Ses griffes sont retirées une par une des mailles du tissu, faisant râler son propriétaire qui se fait copieusement sermonner :

- Tu vas lui arracher les griffes. Arrête de bouger.

- Mais c'est lui qui 'sy est accroché !

- Peut-être que si tu n'étais pas un barbare, il aurait laissé ta veste tranquille, cingle l'autre adolescent en terminant.

La tonalité est plus douce, et les mots ne sont pas criés. Les exclamations indignées sont tout à fait bruyantes, en revanche. Et la petite bête tente de s'enrouler sur elle-même pour se protéger des mouvements brusques. Rien ne le touche. La main qui le porte le soulève assez pour qu'il en ait le vertige, mais rien ne s'accroche à lui, et bientôt, les deux camarades d'infortune peuvent échapper à la foule.

L'adolescent peut alors le prendre correctement dans ses bras, lui permettant de s'allonger, mais aussi de garder son équilibre tout seul, ce qui semble le rassurer grandement.

Il pousse la porte principale, et plusieurs tête se tournent vers lui dans le salon :

- Oh, Shinso ! Tu as un chat ? Je peux le voir ? demande Itoka les yeux brillants.

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