8.1. ... ce qui peut être compté ne compte pas forcément

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Mai 3517


- Hé, Taeko !

La jeune fille se tourne vers Neito qui la rejoint, le pas tranquille. Il a les mains glissées dans les poches, le sourire jusqu'aux oreilles, et dans une attitude qu'elle juge confiante, il lui demande :

- Je me disais, si tu m'expliquais comment ça marche, je pourrais copier ton alter, pour m'en servir aussi. Ce que tu as fait hier à l'exercice contre la classe A était assez impressionnant. Imagine que je puisse combiner...

- Non, le coupe-t-elle livide. Mon alter n'est pas un jouet.

Ils s'apprêtent à reprendre les cours, en Histoire des Héros. Mais le couloir lui semble immense, soudainement vide, et le vertige la prend. Alors quand il tend la main vers elle, elle se souvient que c'est en touchant les gens qu'il peut copier leur alter, et elle fait un bond en arrière, bras relevés, un grognement bestial sortant d'entre ses crocs.

Passé la seconde d'incompréhension, il fronce lentement les sourcils, craignant de lui avoir fait peur. Puis, se disant que ce n'était pas une chose possible avec un pouvoir pareil, il reprend une attitude désinvolte, et taquine :

- Oh, je vois, on ne prête pas ses affaires. Ça ne changerait rien pour toi, tu sais ?

- Ne me touche pas, siffle-t-elle en s'éloignant rapidement.

Taeko ne se retourne pas, elle n'en n'a pas besoin pour savoir qu'il la suit de près, et elle s'engouffre dans la salle, se jette sur sa chaise, et avant qu'il n'ait eu le temps de la rejoindre, le professeur entre dans la salle, et demande à tout le monde de rejoindre sa place.

Juzo se penche vers elle discrètement :

- Tout va bien ?

- Neito saute souvent sur les gens comme ça ? souffle-t-elle en guise de réponse.

Son camarade lui répond par une moue contrite.

- Je suis désolé. Ça va durer quelques jours. Il aime essayer de nouvelles choses, et élargir ses capacités. Mais ne t'inquiète pas. Il y a des alters qu'il ne peut pas maîtriser.

Elle tourne la tête vers lui brusquement, terrorisée :

- C'est justement le problème.

Une main se pose sur sa table, et Taeko relève la tête vers l'enseignante, toute retenue oubliée dans son costume moulant d'héroïne interdite aux moins de dix-huit ans, et l'air intriguée :

- Mon cours n'est-il pas aussi intéressant que cette conversation, mademoiselle Akada ?

- Je m'excuses, répond-elle rapidement, les cheveux pâles.

Midnight acquiesce, satisfaite.

- Très bien. Reprenons.

Les trois jours suivants sont plutôt intenses, pour Taeko. En plus de ses entraînements, elle doit éviter Neito par tous les moyens, même celui de la métamorphose, adoptant parfois une couleur de cheveux différente, ou une autre taille à son entente. Pour cette raison, lorsqu'une main se pose sur son bras, elle ferme les yeux, se voyant déjà avoir laissé son camarade obtenir gain de cause.

- Ton rythme cardiaque s'emballe. Tu vas bien ?

Elle se tourne vers une adolescente de son âge, les cheveux bruns relevés en une queue de cheval. De son habitude à observer les gens, la métamorphe détaille lentement son visage, passant par ce qui semblerait être des appareils auditifs vert pomme, une carrure assez imposante, pour un mètre cinquante-huit, et peu de formes.

MétamorpheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant