Métamorphe

4.1. Ce que l'on sait

Avril 3517

Comme promis, les filles se retrouvent devant la chambre de Pony à l'heure indiquée, et se glissent à l'intérieur rapidement, oreillers et couettes sous les bras, chaussons, pantoufles ou chaussettes aux pieds.

Les huit filles s'installent tranquillement, faisant attention à ne pas faire trop de bruit pour ne pas éveiller la curiosité des garçons dormant à l'étage du dessous, et Taeko se retrouve calée dans un creux entre deux filles, assises sur le sol. L'adolescente joue le jeu, s'assoit sur sa couverture pour être confortable, et place son oreiller entre ses bras et ses jambes.

Les autres lycéennes papotent joyeusement pendant quelques minutes, avant que la soirée ne semble commencer officiellement :

- Qui veut des chips ?

- Oh, moi ! répond Yui en rattachant ses cheveux noirs pour ne plus les avoir devant les yeux.

- Bon, alors, commence Itsuka, et si tu nous parlais un peu de toi ?

Les regards se braquent vers Taeko qui détourne le regard.

- Qu'est ce que vous voulez savoir ?

- Tu as déjà eu un copain ? demande Setsuna en penchant la tête sur le côté.

Les questions fusent, et Ibara doit calmer le jeu pour éviter qu'elles ne se fassent entendre :

- Doucement les filles.

Les interrogations étrangement normales mettent la jeune fille mal à l'aise, qui répond :

- Oui, j'en ai déjà eu un, mais ça n'a pas duré longtemps, et... je n'ai pas vraiment envie d'en parler.

- Rien de grave, j'espère, s'inquiète Ibara.

Taeko sourit nerveusement.

- Absolument rien ! C'est juste... que ça ne mérite pas qu'on en parle. Une autre question ?

- Tu es plutôt sel ou sucre ? demande Pony en s'installant à plat ventre.

- Sucre, pourquoi ?

Le visage de certaines filles s'illumine.

- On a fait un pari, explique Setsuna. J'avais parié salé, personnellement.

- J'ai l'air salée ? s'étonne Taeko.

Elle n'avait jamais vraiment pensé à ça comme une information importante, mais si les filles de sa classe s'intéressent à des détails pareils, elle n'a pas à en craindre sur son alter ou sur son parcours. S'il y a bien une chose dont elle ne veut pas parler, c'est de tout ce qui touche à ça.

- Ben... comme tu es discrète, j'avais prédis le sucré, sourit Istuka. Après... je ne peux pas dire pour l'autre.

- Parce que nos préférences alimentaires transparaissent dans notre comportement ?

- D'après le magasine de Pony, oui, mais comme c'est une traduction qu'elle nous en a faite, il est possible qu'on ait compris de travers.

Pony secoue la tête :

- Non, je suis sûre, répond-elle en mâchant ses mots, l'accent anglais.

Taeko secoue la tête, sans savoir si elle doit croire une chose pareille ou seulement feindre le croire. Elle opte pour un haussement d'épaules désinvolte.

- Alors ça voudrait dire que tu rapporte des magasines de chez toi ? Ou on te les envoie ?

Elle sourit fièrement.