28.1. Ce qui lui plait vraiment

6 2 0
                                    

Septembre 3517


Les mains dans les poches, Taeko arrive à peine à l'heure au rendez-vous que Saryū lui a donné il y a quelques jours. Au programme, le plan d'un coup à proposer pour « entériner » sa présence dans le groupe qu'elle estime ne pas encore avoir rencontré au complet. De quoi satisfaire la curiosité grandissante de son principal.

Elle pousse la porte lourde d'un hangar lorsqu'elle entend les cris furieux d'une acolyte, qui ne comprend pas qu'on ne lui donne pas la même chance de faire ses preuves, qu'à la métamorphe.

- Tu t'es jamais dit que t'avais pas la tête d'une meneuse ? demande-t-elle avec un sourire ironique, dans l'embrasure.

Les paroles s'étaient tues lorsqu'elle avait commencé à faire grincer le métal, mais à présent que le contre-jour qu'elle a causé se dissipe, elle peut se faire admirer, dans ce qui a été son costume de vilaine, ou presque, pendant ce fameux exercice avec Midnight. Sauf que le rouge de la robe qu'elle avait trouvé fait place à un vert d'eau pâle d'arrogance qu'elle a assorti à la couleur de ses cheveux. Et que la touche de couleur restante est celle de sa veste noire, et de ses bottines tout aussi foncées.

- Tu nous fais quoi, là ? demande la fille. Un défilé ?

- Awa, c'est ça ? demande Taeko avec un rire. Je n'en suis pas encore à m'habiller comme une mendiante, avoir un minimum de classe, pour un rendez-vous presque galant, c'est le minimum, non ?

Elle y a bien réfléchit, et lorsqu'elle glisse ses yeux d'elle au géomorphe, elle se rend compte qu'une fois de plus, elle prend goût, involontairement, à cette comédie. Le regard appréciateur du chef de groupe lui fait penser qu'elle a bien choisi ses cartes, et elle poursuit, fière de ce qu'elle a à dire :

- Je ne savais pas que vous étiez pressés. Sinon, j'aurais fait un petit truc rapide.

Saryū hausse les épaules, et lui fait signe d'approcher.

- C'est ton premier coup, et le premier que tu montes en même temps. Je me doutais que ça te prendrait un peu de temps. Mais... j'ai entendu dire que personne n'avait remarqué le stylo. Alors, je me dis que si ça valait la peine d'attendre la première fois...

Elle soupire en avançant, tenant fermement le tube de plastique dur qu'elle avait en bandoulière.

- Merci, j'apprécie l'attention. Et au vu de ce que je veux vous présenter, ma tenue actuelle fait presque office de... marketing ?

Elle avise les quatre personnes qui la regardent, et force les muscles de ses joues à se plisser, et tirer tous les fils de son visage permettant d'imiter un véritable sourire de bonne humeur.

Taeko ouvre le clapet, et sort un long rouleau, assez lourd en feuilles, de ce qu'ils voient, qu'elle déroule sur la table d'appoint, une caisse, qu'elle a décrété prendre comme support à l'instant où elle l'a vue. Elle présente un plan, qu'elle n'explique pas, réclame qu'on trouve des poids pour le faire rester à plat, et sort les notes, qu'elle écarte de l'espace.

- Alors. J'y ai beaucoup réfléchi, et je pensais d'abord commencer sur un quelque chose qui marquerait les esprits. Ça fait un moment que votre groupe existe, mais j'en n'avais jamais entendu parler avant aujourd'hui.

- C'est normal, ça, répond prudemment Saryū. On se fait volontairement discrets, pour ne pas se faire chopper.

Taeko secoue la tête :

- Non, tu ne comprends pas. On parle de vous un peu à droite à gauche, dans les bas-fonds, mais personne ne sait ce que vous faites, on sait que vous existez, mais personne ne vous respecte.

MétamorpheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant