30.1. Ce qu'on se souhaite

6 2 0
                                    

Septembre 3517


Avec la chance qu'elle a, peut-être que l'entretient qu'elle vient de passer pour son stage va lui permettre d'entrer dans cette agence, pour la fin de l'année. Elle regarde une dernière fois le bâtiment, avant de s'en éloigner définitivement.

Ce n'est pas très loin de l'école, et l'alter des différents héros qui travaillent là complètent assez bien le sien. Sur ce coup-là, All Might a bien fait ses devoirs. Elle n'a pas rencontré un seul héros qui ne puisse s'adapter à elle, ou sera en mesure de lui apprendre quelque chose de vraiment utile.

Les rues du centre sont plus bondées qu'elle ne l'aurait cru, pour un midi, et elle doit éviter les endroits trop sombres pour ne pas risquer de croiser par « accident » quelqu'un qui prendrait cet éloignement comme un message. Parce qu'elle le sait, Saryū est sûrement entrain de l'observer, quelque part.

Etrangement, ce sentiment n'éveille pas son angoisse d'être regardée. Ça ne la dérange même presque pas, de savoir qu'elle est sous surveillance étroite. Tant qu'elle se convainc que c'est le géomorphe. Le téléphone vibrant dans sa poche la fait sursauter. Elle se rend compte avec soulagement que c'est son téléphone qui vibre, et non pas son autre appareil, et répond tout de suite à l'appel de Shinso, qui lui demande, embarrassé, si elle n'aurait pas quelques minutes à lui accorder lorsqu'elle sera de retour au lycée.

- Non, bien entendu. Je serais là toute l'après-midi. De toute façon, je sors de mon entretient. Je n'ai rien d'autre de prévu de la journée. L'avantage des demi-journées de cours sur lesquelles sont casées les rendez-vous, peut-être.

Ou le bonheur du samedi matin. Elle reprend sa marche, interrompue machinalement.

- Oh, et ça s'est bien passé ? demande-t-il l'air tout à fait intéressé.

C'est quelque chose qu'elle a découvert à force de parler avec lui, ou de ne pas passer beaucoup de temps à interagir verbalement, justement. Tout ce temps, passé à se taper dessus sans mots, ne laissant rire que les lèvres, ou briller les yeux de satisfaction. Shinso peut se montrer très curieux sur les personnes qui prennent la peine de discuter avec lui. Peut-être par besoin de communiquer, à présent qu'il se trouve dans un environnement où il ne risque plus d'être le « méchant ».

- Plutôt, je crois. Mieux que ceux qui ne savent pas quoi faire de moi, en tout cas.

- Je vois ce que tu veux dire.

Elle sourit vaguement. Ce genre de commentaire lui fait toujours plaisir, en quelque sorte. Parce que c'est quelqu'un qui a eu de réelles difficultés avec son alter, qui lui fait.

- Tu n'as jamais eu l'impression que tout ce qu'on attend de toi ne rentre pas dans la vision que tu t'es faite de ton métier de héros ? demande-t-elle soudain.

Il émet un son de réflexion, et répond finalement, avec un sérieux qui la détend :

- Je ne crois pas que ça me soit encore arrivé. Les gens se méfient de moi, c'est certain, mais... Personne n'ose me demander de faire des choses qu'ils ne voudraient pas que je fasse en temps normal. Pourquoi ? On t'a demandé de faire quelque chose de douteux ?

Douteux ? C'est pire que ça, mais elle ne va pas lui dire. Surtout que c'est de son stage, qu'il lui parle.

- Non, pas exactement. Mais j'ai pensé à ça, là. Est-ce-que tu crois que la nature de notre alter fait qu'on nous demandera de prendre des libertés qu'on n'a pas envie de prendre ?

Sentant que la conversation va dure un peu, il lui demande de patienter, et le bruit de la prise Jack maltraitée lui indique qu'il essaie de mettre ses écouteurs pour plus de confort. Elle en profite pour faire pareil.

MétamorpheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant