5.2. Ce qui permet d'apprendre

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Novembre 3516


Sera n'a pas fait deux pas dans le couloir qu'une amie à elle passe son bras autour de son cou :

- Alors ? Tu as réussi tes examens, toi aussi ? demande-t-elle heureuse.

La métamorphe laisse éclater sa bonne humeur :

- Oui ! Une moyenne de soixante-dix-neuf au compteur !

- Wow ! Mais c'est que tu cartonne ! Tu as vraiment monté par rapport à l'année dernière !

Rumi Mitsuyoshi est une amie avec laquelle elle s'est liée lors de sa rentrée en seconde, dans cet établissement, et bien qu'elles ne soient plus dans la même classe depuis un an et demi, elles sont toujours aussi proches, toutes les deux.

- Qu'est ce que ça donne pour toi ? sourit Sera en avançant à côté d'elle.

- Eh bien, je fais avec, mais je pense que je n'aurais jamais plus de soixante-deux... je vais laisser tomber. Plus je travaille... et plus je reste à la même moyenne exactement !

- Sera !

Elle n'a pas le temps de rire qu'un second bras s'enroule autour d'elle. Elle fait un grand sourire à son ami qui lui lance sans préambule :

- Tu veux fêter les examens avec nous sur le bateau de mes parents ?

Rumi pouffe de rire en retirant son bras, avant de partir d'un fou rire monstre. La métamorphe aurait pu rire, elle aussi, si elle n'était pas certaine qu'il avait un bateau. Les gosses de riches courent les couloirs de cette école. C'est d'ailleurs sûrement pour ça qu'elle y a été inscrite.

- Eh bien, je ne suis pas sûre de ne pas être malade en bateau, je t'avoue. Je n'en n'ai jamais pris.

Il fait la moue, déconfit.

- Je comprends. Mais tu pourrais utiliser une super métamorphose pour te tirer d'un mauvais mal de mer... sourit-il soudain.

Sera rit jaune.

- Oh, oui, j'adorerais faire des nuits blanches de recherches pour monter sur un bateau dans la semaine, bien sûr. Après tout, c'est mon truc, non ?

- Ne fais pas ta rabat-joie, allez ! Si tu apprends, tu sauras le faire, et si tu n'as pas le mal de mer... pas besoin de t'en préoccuper. Et puis, c'est dans tes cordes !

Elle lui rend un sourire figé, à demi-lasse de la présomption de facilité qu'elle a à utiliser son alter. Ce qui est loin d'être aussi simple, ou sans dangers. Mais ce n'est pas très classe de dire sur tous les toits qu'on possède un alter aux dangers mortels, et qui peut même détruire un bâtiment.

Elle lorgne l'étudiant brun, et hausse finalement les épaules.

- D'accord, je serais là, soupire-t-elle.

Il fait un grand symbole de victoire de ses deux bras, et s'éloigne, tout sourire. Les deux filles le regardent faire, se demandant s'il est sérieux, avant de rire doucement.

- Un bateau, vraiment ?

- Oui ? répond Sera en reprenant leur route. Il est comme ça...

- Je ne sais pas si ce n'est pas moi qui vais faire la rabat-joie, commence Rumi en glissant ses mains dans ses poches de veste d'uniforme rouge, mais ça ne te ressemble pas, de faire des sorties avec des gras comme lui.

- Comme lui ?

- Je suis certaine que si tu me laisse la journée, je peux tout te dire sur sa vie. Ce type est une pipelette sans gêne.

La jeune fille aux cheveux rouges vifs hausse les épaules, avant d'imiter sa camarade, les mèches plus acidulées que leur veste bien plus foncée, et à l'air épais :

- Je ne pense pas que ça l'empêchera de devenir un bon héro.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit, lui reproche son amie. Au fait, c'est quoi, son alter ?

- Reflets. Il peut copier l'alter de la personne qu'il regarde utiliser le sien. Il peut choir qui il copie, mais il ne peut pas le faire sur quelqu'un qu'il a vu plus de vingt minutes avant son utilisation.

- Oh... génial !

- Tu dis ça pour tous les alters, Rumi, se plaint Sera en évitant un troupeau d'adolescentes.

- Sera. Mon alter, c'est de durcir ma bave. Si je bave la nuit, je me retrouve avec une stalactite sur la joue. C'est ni glamour, ni... sérieusement. Il faudrait que je bave sur quelqu'un pour lui menotter les poignets. Tu te rends compte de ça ?!

Elle rit :

- Tes « stalactites », comme tu les appelle, ils sont plus durs que de l'acier. Je peux comprendre que ce ne soit pas très glamour, mais reconnais que c'est dingue. Ton alter est dingue.

- Dixit la fille qui pourrait me ressembler comme deux gouttes d'eaux, imiter ma voix, et se faire passer pour moi auprès de n'importe qui me connaissant depuis des années. Ton alter, c'est une bombe atomique, Sera. Tu ne peux pas comprendre.

Un court silence plane entre elles jusqu'à ce qu'elle coupe court :

- Je dois y aller.

- Sera, je ne voulais pas te blesser, mais tu pourrais comprendre...

- Je n'ai pas envie de comprendre quelque chose que tu me pense incapable de comprendre. N'est-ce-pas là la preuve de ta propre incompréhension ? Je t'adore, mais je n'ai pas envie de me disputer à ce sujet avec toi. On s'appelle pour un repas. Je te laisse, j'ai un système digestif à étudier.

Sera s'enferme dans sa chambre, puis dans la bibliothèque, s'arrachant les cheveux à la recherche d'une réponse qu'elle ne trouve pas : n'importe quel animal a le mal de mer, même les poissons dans un aquarium, et si elle veut y trouver un remède, elle va devoir étudier non pas la métamorphose de la biologie, mais la biologie qu'elle peut métamorphoser, en croisant les doigts pour ne pas faire disparaitre au passage une bactérie nécessaire à sa digestion, ou bien un morceau de son estomac.

Quand elle arrive à la sortie le jour « J », elle n'a pas seulement passé plusieurs nuits blanches, mais aussi séché trois cours dans la semaine, et peut-être récupéré ses heures de nuit manquante durant onze d'entre eux. Mais ce qu'elle a découvert, et pour une fois, non à ses dépends, c'est qu'elle n'a pas besoin de modifier ce qu'il y a dans son abdomen, mais tout simplement ses yeux, qui se chargeront de la mise au point, et de son système d'équilibre... qu'elle va tout bonnement déséquilibrer.

- Sera ! Tu es pile à l'heure ! Monte !

L'adolescent s'approche d'elle en courant, lui attrape la main, et la fait trottiner jusqu'à l'embarcation énorme, où l'attendent sept des membres de leur groupe. En fait, il ne manquait plus qu'elle, et lui venu la chercher.

- Bon ! On y va ? lance le chef de groupe en secouant la main qu'il lui tient toujours.

Elle lui fait un grand sourire.

- Allons-y, Hideji !

- Allons-y, Hideji !

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MétamorpheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant