Décembre 3512
Les cheveux d'un jaune pâle, blanchis par la peur, l'adolescente au corps de femme se traine dans les rues, au bord du malaise à chaque fois que quelqu'un la regarde, vacillant lorsqu'on lui adresse la parole, et se laissant finalement tomber dans un recoin de ruelle, les mains trop tremblantes pour essayer de sortir son téléphone. De toute façon, elle ne peut pas appeler sa mère. C'est pas la peine d'essayer.
Alors elle frissonne, grelotte de froid quand une heure a passé, et ne bouge plus, lorsqu'elle en est transie durant les deux heures suivantes. C'est un miracle qu'il l'aie vue, lorsqu'il passait par là, parce que ce n'est absolument pas son chemin, habituellement, et qu'il passe souvent bien avant cette heure, ou alors bien après. Il n'a cependant pas de doute : s'il ne s'était pas arrêté là, elle serait morte de froid.
- Mademoiselle ? demande-t-il en s'arrêtant juste devant ses pieds. Mademoiselle ?
Il se penche, et de toute sa hauteur, un peu trop vite peut-être, parce qu'il est prit d'un vertige qui ne l'aide pas à rester accroupit. Il pose sa main par terre pour ne pas tomber, et se la frotte ensuite contre son pantalon en répétant, la secouant, cette fois :
- Mademoiselle ! Vous ne devez pas vous endormir.
Ses fichues prémonitions, qui le poussent dans ce genre d'endroits aurait bien fini par l'amener à une morte, et cette idée lui est terrifiante. Il s'estime trop jeune pour voir quelqu'un mourir, surtout dans ces conditions-là. Il s'estime chanceux quand elle ouvre à demi les yeux, gémissant d'engourdissement.
- Vous ne devriez pas rester là, dit-il doucement. Vous allez attraper la mort.
- ... mhm...
Elle se détourne de lui, pleurant silencieusement. Il regarde ailleurs, pour ne pas la mettre mal à l'aise, mais quelque chose le dérange, avec ce visage, sans qu'il ne puisse la regarder suffisamment longtemps pour dire quoi. Il lui tend la main, et en voyant qu'elle ne bouge pas, lui empoigne le bras pour la remettre sur ses pieds. Elle n'est pas aussi grande que lui, elle a deux têtes de moins. Il arrive quand même à la supporter un moment debout, avant de s'éloigner en dehors de la ruelle.
Elle proteste sans avoir la force de le repousser, à la fois terrorisée par cette capuche qui ne lui couvre plus la tête, mais aussi par cet homme qu'elle ne connait pas, et qui l'emmène elle ne sait où. Taeko fronce le nez sans se plaindre, parce que le bref contact la réchauffe petit à petit, mais lui est douloureux dès que sa hanche tape dans celle bien plus osseuse de l'homme qui l'aide.
Elle essaie de ne pas penser. Elle a trop mal à la tête pour ça. Ça doit être le manque d'eau. Elle est dehors depuis si longtemps, qu'elle n'a pas fait attention, mais son corps a besoin d'une quantité particulière d'eau, même si elle n'utilise pas son alter. Ou du moins, pas au sens propre du terme.
L'homme s'arrête devant une porte, et doit se baisser pour la passer. Elle était entre-ouverte, et le bruit à l'intérieur la fait s'étonne que personne n'ait cherché à la fermer avant, avec le froid de l'hiver. L'air chaud qui lui saute au visage lui fait comprendre que par-dessous le brouhaha et la musique en fond sonore, la porte doit aérer l'espace brûlant. Ses tremblements s'intensifient au fur et à mesure qu'ils se rapprochent du comptoir, et cessent soudainement lorsque le regard de la barmaid se fixe dans le sien. C'est une femme aux épaules carrées, les cheveux étonnamment courts pour une personne de son sexe suivant un minimum les tendances actuelles, et qui repose son verre sans avoir pris le temps de l'essuyer, pour places ses deux mains sur le bord, penchée en avant en prenant appui dessus.
- Seal, qu'est-ce que c'est que cette gamine ? demande-t-elle en fronçant à peine le nez.
D'un seul coup, l'univers de l'adolescente cesse de tourner, pour bredouiller, encore transie :
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Métamorphe
FanfictionCycle I, Livre II D'un côté, il y a Taeko, et de l'autre, Sera, visages de l'apprentissage héroïque semé d'embuches et au cruel point commun d'un alter aux conséquences désastreuses : la métamorphose. Parce qu'il peut être si dur d'être soi quand on...