25.1. Ce qu'elle veut garder en mémoire

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Août 3517


Ses valises dans les mains, Taeko se noie dans la foule d'étudiants qui, comme elle, partent en vacances chez eux pour quelques jours cet été. Certains restent encore, d'un commun accord avec leurs enseignants, et d'autres se promettent de revenir plus tôt, plus ou moins illégalement, pour reprendre les entrainements.

Elle ne se défait pas de l'impression qu'elle a depuis plusieurs jours, de ce quelqu'un qui la scrute au travers des autres silhouettes, avec un alter invasif qu'elle ressent dans toutes les particules altériques qui volent autour d'elle durant ses métamorphoses. Elle s'attendait à ce que le stalker finisse par se lasser, ou passe à l'action. A la place, on la suit avec une patience qu'elle n'a même pas pour arroser des fleurs sur son balcon de dortoir. Comme Ibara, qui prend soin de son jardin personnel soigneusement.

Une voiture grise attire son attention, et elle fait un grand signe de la main, que le chauffeur lui rend.

- Tu es venu me chercher, dit-elle en ouvrant le coffre.

Son beau-père sort de la voiture, pour l'aider à mettre ses bagages dans l'habitacle, avant qu'elle n'ait besoin de les lever elle-même.

- Ta mère dort sur le siège passager avant. On est venus tous les deux.

- Tu dois être tellement occupé...

- Je peux prendre cinq minutes pour aller chercher ma fille à l'école pour ses vacances à la maison, non ? demande-t-il en refermant le coffre.

Il ouvre ensuite les bras, et elle le serre contre lui avec un sourire. Sa mère est vraiment bien tombé, sur ce coup là. Mieux que sur le premier, mais qu'importe. L'homme l'embrasse sur les cheveux, comme il le faisait quand elle était petite, et elle monte en faisant attention à ne pas faire trop de bruit avec la fermeture des portes. Ce n'était pas nécessaire : sa mère a toujours eu le sommeil lourd, et Yuka ronfle jusqu'à ce qu'ils soient arrivés chez eux.

Le matin même, plusieurs de ses camarades étaient passés en coup de vent dans le salon pour lui dire au revoir avant de partir. Lassée par le bruit, elle était montée dans sa chambre, et personne n'était plus passé. A la place, elle avait reçu des messages, qu'elle avait ouverts avec une aigreur angoissée. « Merci, bonnes vacances à toi. », avait-elle répondu en groupant les réponses.

- Comment tu te sens, dans ton école ? demande-t-il lorsqu'ils descendent finalement.

- Je dirais que ça va. Je ne suis pas très à l'aise avec eux, mais ça va.

Il attrape les deux bagages noirs, et les sors, sans les lâcher lorsqu'elle tend la main.

- Personne ne t'a embêté ? Je sais que tu m'as demandé de ne pas m'en mêler, mais j'ai vu les articles, pendant le festival, et...

- Ils ne sont plus là. Quelqu'un que je connais s'en est occupé.

- J'ai peut-être lancé un procès ou deux, aussi, avoue-t-il en pinçant la bouche. Désolé.

- Y a pas de soucis. J'aurais dû leur dire à un moment ou à un autre, de toute façon. Au moins... c'est fait. Ne t'inquiète pas. C'est réglé.

Il soupire longuement.

- Sera, si tu as un souci...

- Je sais. Mais ce n'était rien que je ne pouvais gérer toute seule. Promis, ajoute-t-elle en retirant sa veste.

Ils viennent de faire deux heures de route, et il fait clairement plus chaud ici qu'à Yuei. Elle qui gardait sa veste encore là-bas ne la supportera pas ici, ce n'est pas la peine d'essayer, même si Ryūtarō a mis la climatisation sur le trajet.

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