Un monde plus petit que prévu IV/V

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La porte d'entrée claqua.

— On est rentrés ! beugla Liam.

Olive grommelait, protégeant ses oreilles du vacarme ambulant.

— Rangez vos livres, ce soir, on sort ! décréta-t-il en retroussant ses manches.

— Pourquoi ? demanda Alexandre en relevant un nez perplexe.

Il n'avait pas refusé toutes les invitations de ses anciens amis pour devenir un fêtard à l'université. Sans compter qu'ils avaient déjà partagé plusieurs repas, et qu'il se sentait agressé à chaque fois qu'Olive ouvrait la bouche. Il serait bien plus à l'aise dans sa chambre, avec ses livres ou ses jeux vidéo.

— Parce qu'on est étudiants, pardi !

— Et sinon, notre avis t'intéresse ? fit Olive.

— Pas vraiment, répondit Liam avant de le regretter, aussitôt foudroyé du regard.

— On irait où ? demanda Mandréline.

Cela lui changerait les idées. Elle avait beau repousser de son esprit le sourire trop confiant de Kyle avec toute sa rancœur, il réapparaissait indéfiniment, entre deux flashs de l'affreux dessin qu'elle avait engendré sans la moindre conscience. Ce n'était pas son premier, mais elle n'avait plus rien dessiné d'aussi sombre depuis le jour où elle avait trouvé Luna, miaulant sur l'appui de fenêtre extérieur de sa chambre à Frisagnon.

— Vous connaissez un endroit ? insista-t-elle.

— Non ! Nous allons découvrir ensemble les beuveries de Vrennes ! chantonnait Liam.

— Quelle joie..., marmonna Olive. Enfin, l'alcool m'aidera peut-être à oublier le cas social qui me sert de coloc.

Mandréline retourna dans sa chambre, curieusement suivie de près par Olive.

— Mais qu'est-ce que tu fous ? demanda celle-ci pendant que Mandréline enfilait son sweat favori.

— Je me prépare... ?

— T'es pas sérieuse ?

Face à la perplexité de Mandréline, Olive ne put retenir le roulement de ses yeux.

— Range-moi ça.

Elle lui prit des mains et le balança sur le lit.

— Tu veux sentir le poireau toute la soirée ? Attends d'avoir mangé. Et puis, on ne porte pas de sweat à capuche pour aller draguer.

— Mais je ne veux draguer personne !

Olive baissa les yeux, l'air blasé.

— Il leur est arrivé quoi, à tes chaussures ?

Mandréline baissa les yeux à son tour. Les semelles de ses baskets étaient près de se décoller, et quand elle marchait à l'extérieur, elle pouvait sentir le vent froid taquiner ses orteils à travers ses chaussettes.

— Rendez-vous dans ma chambre après le repas du Chef Jensen. Vingt heures.

— Mais ! eut-elle juste le temps de rétorquer avant qu'Olive ne claque la porte.

Un sweat, elle trouvait ça très bien, elle. Et depuis quand Olive était-elle si prévenante ?

L'heure venue, Mandréline frappa docilement à sa porte. Comme elle ne répondait pas, elle entra, la trouvant étendue sur son lit en étoile de mer, entourée de jupes, de robes, de vestes et autres vêtements en tous genres. Les deux filles se jaugèrent, l'une décontenancée, l'autre désespérée. Puis Olive se résolut à se redresser, plaçant Mandréline devant le miroir.

Les enfants de Bellegardane - T. 1 : MandrélineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant