Le grimoire d'Aby II

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Caleb avait visiblement réussi à écourter son procès, mais Chiara en particulier promenait avec elle une aura de colère qu'elle avait les plus grandes difficultés à dissimuler. Il s'en était fallu de peu pour que Matthieu ne se transforme. Le fait qu'il ait risqué sa vie de manière aussi imprudente la rendait déjà folle, mais savoir qu'il aurait pu lui arriver encore pire sans en avoir été averti au préalable, lui était insupportable.

— Vous pensez qu'ils vont envoyer de nouveaux « hommes » ? demanda Matthieu en tirant une chaise vers lui pendant que Liam apportait les assiettes.

— C'est évident, répondit Chiara.

Katharina confirma d'un mouvement de tête.

— Ils savent où vous êtes, maintenant. A l'heure qu'il est, nos têtes sont certainement toutes placardées sur les murs de la ville.

— On les a tous eus, non ? fit Liam.

— Et tu crois que leurs copains ne vont pas se demander pourquoi ils ne sont jamais rentrés au bercail ? répondit Olive en levant les yeux au ciel.

— J'ignore s'ils connaissent toutes nos identités, dit Aby, mais ils vont revenir, cela je n'en doute pas.

Un vent de panique soufflait le long de la table. S'ils avaient eu tant de mal à combattre douze de ces créatures avec un loup-garou et une panthère magique à leurs côtés, comment pouvaient-ils espérer venir à bout du double, du triple ou plus ?

— On a qu'à brûler l'usine, lâcha résolument Matthieu.

Olive leva encore les yeux au ciel et se laissa balancer en arrière :

— En voilà une bonne idée pour avoir toute la ville aux trousses.

Matthieu fronça les sourcils sans comprendre.

— Tu n'as pas remarqué que cette boucherie est complètement adulée ?

— « Adulée » ?

Elle renonça. Matthieu était d'une gentillesse et d'une bravoure qu'on ne pouvait lui retirer, mais son intellect limité avait tendance à la titiller.

— Et puis, tu fais quoi du reste des prisonniers ? rétorqua Mandréline.

— Dans toute guerre des gens tombent..., dit Katharina comme on récite un proverbe.

— Oui enfin en général c'est pas les gens comme toi qui tombent, lâcha Olive.

— Qu'est-ce que tu sous-entends ?

— T'as très bien compris.

Katharina allait répondre quand Mandréline se leva brusquement.

— Je veux y aller.

— Qu'est-ce qui lui prend ? lança-t-elle.

— Elle est juste là, tu pourrais t'adresser directement à elle, répondit Olive.

— Je veux retrouver Alexandre.

— Qu'est-ce qui te fait croire qu'il se trouve là-bas ? demanda encore Katharina. Tu l'as dessiné ? trancha-t-elle, acerbe.

— Kat ! s'indigna Chiara.

— Elle a pas tout à fait tort, dit Olive à la surprise générale. Si mettre le feu à l'usine nous débarrasse de ces trucs...

Mandréline lui jeta un air courroucé.

— On ne peut pas tuer ces gens !

— De toute façon, rien ne nous dit que les wendigos sont tous là-bas, dit Chiara. Vous en avez vu un dans les bois, non ? Et moi, j'ai vu des humains...

Les enfants de Bellegardane - T. 1 : MandrélineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant