Voleurs IV

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L'adrénaline redescendue, les flaques raclées ou essuyées, la suie nettoyée, les jambes se firent flageolantes et les voix hésitantes. Le silence était retombé sur la villa comme une enclume dans la mer. Le Loup, Luna, Mandréline, et même Aby, se retrouvèrent au milieu des autres, analysés comme des animaux derrière une vitrine de zoo. Le souffle court et les mains tremblantes, Mandréline ne saisissait pas comment elle s'était retrouvée de ce côté du miroir. Elle non plus, ne comprenait rien à ce qui venait de se passer.

— C'était dans ma tête, tout ça ? lâcha Liam.

— Tu sais bien que non, dit Olive en levant les yeux au ciel.

— Comment c'est possible ? demanda Chiara qui avait réussi à braver ses gardes du corps pour jeter un œil en bas.

Comme personne ne répondait, Katharina se fit coupante :

— Caleb, tu nous expliques ? s'adressa-t-elle au Loup aux oreilles et à la queue basses.

Caressant pensivement Luna qui, redevenue chatte, avait sauté dans ses bras, Mandréline avait désormais elle aussi des tas de questions qui lui chatouillaient l'esprit. Elle avait beau être au courant de la nature de Caleb, tout cela faisait beaucoup. Trop. Il y avait trop d'événements inexplicables, trop de créatures qui n'auraient pas dû exister. Trop de faits qui l'apaisaient de manière irrationnelle.

Le Loup avança vers Katharina. Automatiquement, le groupe recula.

— Il souhaite seulement se rhabiller, dit Aby avec défiance.

— Se rhabiller ? Mais c'est un loup !

— Pour l'instant.

Mandréline avait envie de leur demander pourquoi ils avaient peur. Mais ça n'aurait certainement pas joué en sa faveur. Pour l'heure, mieux valait rester en retrait, et écouter.

Le Loup, tête, oreilles et queue basses, passa entre Olive et Katharina pour monter à l'étage.

— Qu'est-ce qu'il faut faire pour devenir comme lui ? demanda pensivement Matthieu.

Katharina et Chiara se dévissèrent la tête.

— Tu as vraiment un problème, toi aussi, lâcha la première. Moi ce que j'aimerais surtout savoir, c'est pourquoi ces horribles choses sont venues sonner à ma porte. Et pourquoi tout le monde ici semble posséder des pouvoirs surnaturels ! Si j'avais su, je ne vous aurais pas invités chez moi !

— Ces horribles choses, qui fort heureusement n'ont rien à voir avec la petite chatte et mon petit-fils, ont sonné à ta porte car tes amis ont libéré leurs proies, expliqua Aby.

— Vous savez ce que c'était ?

— As-tu ouvert le grimoire que je t'ai confié ? demanda-t-elle à Mandréline.

— Je savais que tu nous cachais quelque chose ! s'emporta Katharina.

Mandréline tombait des nues. La discrétion n'avait pas fait long feu.

— Si vous le permettez, jeunes gens, coupa Aby sur un ton qui se faisait impatient et sévère, je vais me coucher. Si ces événements vous surprennent, instruisez-vous donc, mais n'accusez pas ceux qui vous ont défendus.

Tous s'écartèrent sans réfléchir, laissant passer la matriarche.

— Aby ! Attendez ! s'écria Mandréline qui émergeait du brouillard de ses pensées.

Elle s'élança à sa suite, Luna dans les bras, la rejoignant à l'étage.

— Non mais on hallucine complètement, là ! lança Katharina.

Les enfants de Bellegardane - T. 1 : MandrélineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant