Un panier trop rempli vaut mieux qu'un panier vide I/III

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La fin du mois d'octobre avait pointé le bout de son nez sans que Mandréline, Liam ni Olive — qui était complètement rétablie — ne reçoivent de nouvelles d'Alexandre. Les cours avaient repris tandis que les élections des délégués n'avaient jamais eu lieu. Tout comme les élèves, certains professeurs et membres du personnel étaient décédés ou alités pour une durée indéterminée, ce qui avait non seulement considérablement terminé d'alourdir l'atmosphère générale, mais aussi complètement chamboulé l'organisation de l'université qui tournait davantage autour des hommages et des groupes de soutien que des programmes scolaires.

L'air s'était radouci et la pluie n'était plus tombée depuis l'accident. Les médias relayaient les migrations. Des milliers de personnes avaient survécu sur les différents territoires, mais n'avaient plus ni toit ni sol, avalés par les flots ou calcinés par la foudre. Elles se dirigeaient donc vers les régions sèches, déjà démographiquement saturées. Cet exode durait depuis l'été et s'était intensifié au rythme des bouleversements météorologiques. Beaucoup ne résistaient pas aux conditions de voyage, car en plus d'un climat non favorable s'ajoutaient progressivement des barrages militaires frontaliers. Chaque pays protégeait ses maigres ressources, et certains étaient déjà en guerre bien avant tout cela.

Mandréline changea de chaîne TV, mais toutes abordaient le même sujet, d'une façon ou d'une autre. Ici, un débat politique encourageait les citoyens qui se tapissaient chez eux, angoissés à l'idée d'un nouvel incident, à retourner sur leur lieu de travail. Il fallait remettre les produits et les services en circulation. Des publicités naissaient sur les ondes radio et les tableaux d'affichage : « Vous êtes sans emploi ? Rejoignez Vrennes Propreté et aidez-nous à retrouver la beauté de notre ville ».

— Alexandre n'est même pas encore revenu qu'ils veulent déjà faire comme si tout allait rentrer dans l'ordre, dit Olive.

— Vous pensez que... ? s'inquiétait Mandréline.

— Mais non, il doit juste s'être caché quelque part sans plus oser en ressortir.

— C'est pas drôle, O', intervint Liam.

Elle roula des yeux.

— Quel rabat-joie. Et puis arrête de m'appeler comme ça. T'as cru qu'on était meilleurs amis ou quoi ?

Elle se tourna vers Mandréline.

— Il a peut-être décidé de rester chez ses parents.

— Mais pourquoi il ne nous répond pas ?

— La flemme.

— La flemme de répondre « tout va bien » ? rebondit Mandréline, dubitative.

— En même temps, il nous connaît pas plus que ça, il a peut-être autre chose à faire.

— Mais quand même...

— Arrête de stresser, s'il était mort, l'université nous aurait prévenus.

Mandréline et Liam restèrent interdits devant la violence de sa désinvolture.

— S'il était blessé aussi, se rattrapa-t-elle. 'Fin, j'imagine.

— Espérons que tu as raison, dit Mandréline, peu convaincue.

Elle fit mécaniquement défiler les petites enveloppes de son téléphone portable. Elle n'avait plus répondu à Kyle, qui l'avait passablement agacée avec son dernier message. A l'inverse, elle avait harcelé Alexandre.

— Il a peut-être perdu son téléphone, pensa-t-elle tout haut.

— Alexandre ? Ouais, peut-être. Faut pas toujours penser au pire, répondit Olive.

Les enfants de Bellegardane - T. 1 : MandrélineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant