Chasseur y es-tu ?

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*SAISON HIVERNALE *

Aby ayant catégoriquement refusé de prendre part à la mission, Caleb était parti en compagnie de Mandréline et de Luna, d'Olive, ainsi que de Matthieu. Des hommes et femmes en rouge patrouillaient partout, formant des barrages. Caleb vira à droite, évitant soigneusement les rues fréquentées et les sentinelles suivantes. Matthieu et lui étaient recherchés, et il ne voulait pas mettre davantage Mandréline en péril. Ni Olive. Il serait par ailleurs bien parti sans eux, mais Matthieu avait fait une crise pour se joindre à l'expédition, poussé par une sorte de pulsion héroïque dont il se serait aisément passé. Mandréline lui avait presque interdit d'en placer une, et sans Olive, il aurait réduit à zéro ses chances de convaincre l'orgueilleux Chasseur de former une alliance. Heureusement, les vitres du véhicule étaient teintées.

Olive indiqua le bâtiment à l'arrière duquel il gara le 4x4, mais Mandréline le retint d'une main lorsqu'il voulut en sortir.

— Vous devriez rester dans la voiture.

Caleb en perdit ses mots. Il s'était attendu à tout sauf à ça. C'était lui la bête surnaturelle censée tous les protéger, pas le contraire.

— Vos têtes sont placardées partout, précisa-t-elle.

Il aurait voulu contre-argumenter, mais Mandréline et Olive seraient effectivement davantage en sécurité sans lui pour attirer l'attention. Il marmonna intérieurement que si c'était pour rester dans la voiture, il aurait pu rester à la villa, bien qu'il n'en pense pas un mot. Jamais il ne les aurait laissés partir seuls à la recherche du Chasseur.

Olive et Mandréline se faufilèrent l'air de rien à l'intérieur du bâtiment, gravissant les marches jusqu'à la porte vingt-cinq.

— Tu es sûre que c'est ici ? murmura Mandréline.

Olive haussa les épaules puis frappa deux coups à la porte avant de réitérer. Personne ne répondait.

— Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Mandréline.

— On entre, répondit-elle en ramassant une épingle à cheveux au fond de son sac kaki.

Epingle à cheveux qu'elle n'avait jamais utilisée. Olive n'attachait jamais sa sauvage rivière de jais.

— Attends, tu fais quoi, là ?

— Tu veux retrouver Alex ou pas ?

— Ok, vas-y, chuchota-t-elle.

Mandréline fit le guet en se mordant les lèvres et l'intérieur des joues. L'intérieur de sa bouche était devenu un nid de crevasses. Accroupie, Olive triturait la serrure avec la clef de substitution, jusqu'à percevoir un déclic. L'appartement pour étudiants était exactement le même que le leur.

— Ça fait bizarre, chuchota Mandréline.

— Nostalgique ? la taquina-t-elle.

— Un peu.

La différence était que pas une assiette sale ne traînait, pas un grain de poussière n'opacifiait les meubles, aucune chaussette ne s'était perdue au milieu du salon. Les deux filles explorèrent les différentes pièces, mais toutes les chambres étaient aussi propres qu'inoccupées. Ils étaient partis.

Olive fouilla les tiroirs et les dessous de lits. Mandréline suivit son exemple dans les chambres d'en face, jusqu'à avoir un mouvement de répulsion en passant la main sous un matelas.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Olive.

— Rien, ça doit être un vieux mouchoir.

— Un vieux mouchoir ? Dans cet appartement impeccable ? Fais voir ! l'aida-t-elle. Qu'est-ce que c'est que ça ?

Les enfants de Bellegardane - T. 1 : MandrélineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant