Une eau furibonde III/V

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Liam tournait en rond dans l'appartement. Gigotant dans tous les sens, il avait préparé quatre nouveaux chocolats chauds. Ni Olive ni Alexandre n'eut le cœur de lui signifier qu'il y avait une tasse en trop, ni qu'ils n'avaient pas la tête à en boire. Olive, affalée sur le canapé, regardait sa boisson comme on scrute un point dans le néant. D'un geste maladroit, elle attrapa la tasse fumante. En fin de compte, du chocolat ne pouvait pas lui faire de mal.

— Je vais rentrer chez mes parents, dit Liam qui s'était tout à coup arrêté de gesticuler.

— Moi aussi, rebondit Alexandre en se levant de table.

— Ça fait même pas une semaine qu'on est arrivés, dit Olive en arquant un sourcil.

Elle avait conscience que cela n'avait rien à voir, néanmoins et en dépit de son mauvais caractère, elle n'avait pas envie de renforcer son sentiment de solitude actuel.

— Les cours sont suspendus, qu'est-ce que tu veux faire d'autre ? fit Liam.

Elle haussa les épaules en guise de réponse et les deux garçons s'éclipsèrent pour préparer leurs valises, trois tasses pleines dégageant toujours des nuages au-dessus de la table quand Mandréline rentra.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle en découvrant Olive dans le salon et le tintement de cintres en provenance des chambres des garçons.

— Ils se tirent, répondit Olive avant d'ingurgiter le reste du liquide qui la réchauffait.

Liam jaillit soudain de sa chambre, l'air ahuri.

— Mais vous ? Vous allez faire quoi ? Vous allez rester ici ?

Les deux filles le considérèrent avec fatalité.

— Dans cette ambiance morose, triste et glauque ? ajouta-t-il.

— Ça nous fera des vacances de plus voir ta tronche, lança Olive.

— C'est un peu tendu chez moi, bredouilla Mandréline.

Liam demeura immobile quelques instants, puis ouvrit de grands yeux, comme si une idée fabuleuse venait de le traverser.

— Venez chez moi ! dit-il en levant les mains comme s'il s'agissait de la conclusion la plus évidente qui soit.

Olive grimaça.

— Non merci, Jensen.

— Allez, ce sera trop bien ! Mes parents sont super cool !

— Comment te dire... Toute une famille de ça, c'est non.

Elle venait de pointer Liam du doigt.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? bouda-t-il.

— Que t'es insupportable ? invivable ? bruyant ?

— Je ne suis pas du tout bruyant !

— Heureuse de constater que tu as conscience du fait que tu es invivable, Jensen. En plus, tu cuisines comme un pied.

— C'est pas vrai ! Ma mère m'a tout appris et c'est un vrai cordon bleu !

— Je ne veux pas m'imposer chez toi, les coupa Mandréline.

Liam posa sa valise et, de ses bras plus délicats que les leurs, les empoigna chacune d'un côté.

— On t'a donné l'autorisation de nous toucher ? grogna Olive.

Il les conduisit au bout du couloir et les lâcha enfin.

Les enfants de Bellegardane - T. 1 : MandrélineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant