Canada Blues 2

Samedi 6 juillet 2013

Romain passa me chercher vers 19h pour aller dîner chez ma tante. Je n'en avais aucune envie mais il ne m'avait pas laissé le choix. Je montai à l'arrière de la voiture, Margot occupant le siège passager.

- Salut.

- Ça va ? S'enquit immédiatement Margot en se tournant vers moi.

- Ça va.

Je croisai le regard peu amène de mon cousin dans le rétroviseur mais l'ignorai. Il n'avait visiblement pas l'intention de faire de même.

- Merci d'avoir répondu à mes messages hier, me reprocha t-il, ironique.

- J'ai oublié, lâchai-je, déjà fatiguée.

Il me lança un nouveau regard agacé.

- T'as oublié, marmonna t-il avec une grimace. Ça fait toujours plaisir.

Je fixai la vitre sans répondre et nous fîmes le trajet dans le silence. Ma tante nous accueillit presque trop chaleureusement. Je remarquai le regard en coin qu'elle me lança. Je n'avais rien dit des événements de ces dernières semaines mais Romain avait dû s'en charger. Nous nous installâmes autour de la table du salon et je tentai de suivre et de participer à la conversation. Peine perdue, je décrochai rapidement et me plongeai dans mes pensées, qui n'avaient rien de réjouissant. Catherine déposa le plat sur la table et nous servit. Je ne fis pas attention à ce qu'elle mit dans mon assiette. Le regard rivé sur la télé, je ne pensais pas à manger. Ma tante le remarqua.

- Tu ne manges rien, me reprocha t-elle.

- Je n'ai pas faim.

- Avale quand même quelque chose, insista t-elle.

Pour qu'elle me laisse tranquille, je picorai la moitié d'une pomme de terre. Bernard, auquel je n'avais pas prêté attention depuis que nous étions arrivés, se tourna vers moi.

- En tout cas, ta tante est très déçue que tu ne lui ais pas parlé de ce qui s'est passé, lâcha t-il avec un air de reproche.

Décidément, le reproche semblait être le fil rouge de la soirée. Je jetai un coup d'œil à ma tante qui avait rougi et je haussai les épaules.

- Tu n'as pas l'air de te soucier de grand-chose en ce moment, ajouta mon oncle.

Je sentis l'agacement me gagner et tentai de garder mon calme. Je préférais m'adresser à Catherine.

- Je n'avais pas envie d'en parler, c'est tout. Ne le prends pas pour toi.

- Pourquoi ne veux tu pas en parler ? Releva t-elle.

- Ça ne concerne que moi, dis-je, sèchement.

- On se sent tous concernés par ce qui t'arrive, déclara Catherine.

Je levai les yeux au ciel.

- Ouais, ça en devient même pesant, lâchai-je. On peut changer de sujet ?

Ma tante sembla blessée.

- Ta tante s'inquiète pour toi et c'est tout ce que tu trouves à répondre ? Reprit Bernard en haussant le ton.

Ils commençaient franchement à m'énerver. Je sentis le regard de Romain sur moi et il se tourna vers son père.

- Laisse tomber, papa, intervint-il. Elle va s'énerver et ça ne va rien donner de bon.

Je lui jetai un regard que j'espérais le plus noir possible tandis que ma tante demandait à son mari de rester calme.

- Non, ça m'agace, s'emporta Bernard. Elle a toujours mis des barrières entre nous alors qu'on a tout fait pour elle !