Canada Blues 2

Dimanche 10 juillet 2016 /2

Dan leva sa coupe, son beau regard cherchant le mien.

-          A quoi veux-tu trinquer ?

-          Aux vacances. A l'avenir, ajoutai-je en songeant à l’année professionnelle chargée qui m'attendait.

Dan pencha légèrement la tête sur le côté, comme à chaque fois qu'une idée lui venait.

-          Et au passé, ajouta t-il d’une voix grave en me dévisageant avec attention.

Je soutins son regard ambré et fis tinter ma coupe contre la sienne avant de boire une gorgée du pétillant liquide. Le silence nous enveloppa un court instant, pendant lequel j’admirai la plage pratiquement désertée de ses touristes et les incroyables reflets du soleil couchant sur l’océan. Nous nous étions installés sur un vieux ponton en bois à la lisière des dunes. L'endroit était absolument magnifique. Et d'un romantisme à couper le souffle. Ce qui n’était probablement pas une très bonne chose dans ma situation actuelle. Dan rompit le silence de sa voix calme et basse.

-          Est-ce qu'on peut se parler à cœur ouvert ?

Je me crispai légèrement, les yeux toujours fixés sur l'horizon.

-          Tu sais que ce n'est pas ma spécialité, répondis-je.

-          Tu devais te douter que cette discussion aurait lieu, non ?

-          J’ignorais même que je te reverrais un jour pas plus tard qu'hier midi.

Il en convint avec un petit sourire.

-          De quoi veux-tu parler ? Le relançai-je, dans mes petits souliers.

-          Il y a beaucoup de questions auxquelles je cherche des réponses depuis trop longtemps, Alie.

Nerveusement, je bus une nouvelle gorgée de mon champagne. Maintenant, j’étais carrément flippée. Je ne me sentais pas prête à revenir sur le passé. Mais je savais que Dan ne me laisserait pas me défiler, cette fois.

-          Je t’écoute.

-          Tu me répondras avec honnêteté ?

-          J’ai toujours été honnête avec toi, Dan.

-          Justement, c'est ce que je voudrais savoir, releva t-il, toujours avec un calme olympien, que j’étais moi-même loin de ressentir.

Il laissa planer un petit silence. Puis :

-          Quand tu m'as quitté, tu m'as fait comprendre qu'il était possible que tu vois quelqu'un d'autre. C'était le cas ?

Je grimaçai, mon cœur sur le point de sortir de ma poitrine. C'était une des questions que j'avais redouté, tout en sachant que nous aborderions forcément le sujet. Je pris mon courage à deux mains et osai lever les yeux vers lui.

-          Bien sûr que non, soufflai-je.

La réaction de Dan me fit presque monter les larmes aux yeux. Il ferma les paupières, son doux visage jusqu’à maintenant crispé se détendant un peu. Il inspira longuement avant de laisser échapper un long soupir de soulagement, comme s'il se sentait délivré de quelque chose. Voir que cela comptait toujours pour lui, aujourd’hui, me bouleversa.

-          Au fond, je m'en suis toujours douté, murmura t-il finalement. Mais je suppose que le croire me donnait une excuse.

Je ne compris pas où il voulait en venir. Mais, lâchement, je ne posai pas de question.