Lundi 11 juillet 2016 /1

118 4 0
                                    

Dan perçut les voix de Martin et Jamie, qui venaient d'émerger de leurs tentes respectives. Il les entendit sans les écouter, son esprit encore embrumé par les réflexions qui avaient tourné dans sa tête toute la nuit. Il n'avait pas réussi à trouver le sommeil. Comment aurait-il pu après la discussion de la veille ? Celle qu'il n'attendait plus. Et qui avait surpassé tous ses espoirs.

Alie lui avait confirmé ce qu'il n'avait jamais vraiment osé croire. Elle l'avait volontairement poussé à partir en lui balançant un monceau de conneries. Qui l'avait meurtri profondément. Mais ce n'était que des mensonges. Elle l'avait aimé, leur couple avait compté pour elle autant que pour lui et elle ne l'avait jamais trompé. Et surtout, elle l'avait amèrement regretté. Dan ne voulait pas s'appesantir sur le chagrin et la culpabilité qu'elle avait ressenti. Il ne pouvait pas l'imaginer malheureuse, ça lui faisait trop de mal. Rien que d'avoir provoqué ses larmes, la veille, lui avait retourné les entrailles. Mais il avait eu besoin de vider son sac, la façon dont ils s'étaient quittés lui pesait sur le cœur depuis trop longtemps.

Ça avait été la partie la plus difficile de leur conversation. Mais ce qui avait suivi ensuite...

Dan savait qu'il l'avait poussé dans ses retranchements ; c'était de toute façon la seule façon de la faire parler. Il s'était montré intrusif vis-à-vis de sa relation avec Matt mais il avait entendu ce qu'il voulait entendre. Enfin, presque. Elle ne ressentait pas pour Matt ce qu'elle avait ressenti pour lui. Alie l'avait avoué à demi mots ; c'était moins fort, moins intense. Et probablement moins passionnel. Même si elle disait l'aimer.

Quand il avait prit sa main dans la sienne, le courant qui était passé entre eux l'avait électrisé. Il avait rêvé de la toucher à nouveau dès qu'il avait posé les yeux sur elle, deux jours auparavant. Ses sentiments envers Alie étaient toujours présents, plus réels encore que ce qu'il avait cru. Cette fille lui provoquait toujours des émotions indescriptibles. C'était viscéral, elle coulait dans ses veines comme au premier jour. Et il était persuadé que c'était réciproque. Il l'avait vu dans son regard, à sa façon de se mordre sensuellement la lèvre, à sa respiration plus profonde. À sa bouche qui s'était entrouverte, laissant apercevoir sa langue si attirante. Aux frémissements qui avaient parcouru son corps quand elle avait posé ses doigts sur son ventre. A la chaleur qui émanait de sa peau. Alie avait eu envie de lui autant qu'il avait eu envie d'elle. Dan avait été à deux doigts de perdre toute retenue, de se jeter sur elle pour lui arracher ses vêtements et de lui faire l'amour, là, sur ce ponton. Il s'était vu emprisonner son visage entre ses mains pour caresser sa langue de la sienne, glisser ses mains sur ses seins et s'insinuer entre ses cuisses pour sentir sa moiteur se refermer autour de lui.

Il songea à Manon, qui attendait sûrement son retour avec impatience. Et il détesta cette pensée. S'il parvenait à ses fins, il allait lui faire du mal, lui briser le cœur. Dan avait du mal à croire qu'il envisage de la tromper aussi facilement. Jamais une telle chose ne lui était passé par l'esprit auparavant. La fidélité était indissociable du couple, à ses yeux. Il était resté loyal envers Teresa, même s'il savait qu'elle ne lui avait pas rendu la pareille. Mais avec Alie, c'était diffèrent. Il n'avait pas l'impression de tromper Manon. Parce qu'Alie était son destin, il n'avait jamais cessé de lui appartenir.

Dan n'était pas du genre à se voiler la face ni à se mentir à lui-même. Il savait à quoi s'en tenir et il ne lui avait pas fallu plus de quelques secondes pour le comprendre et le ressentir tout au fond de lui-même: il était toujours follement amoureux d'elle. Mais Alie était différente. Elle préférait tordre la réalité pour qu'elle concorde avec ce qu'elle pensait juste et bien. Plutôt que d'écouter son cœur. Le bien-être des gens qu'elle aimait passait toujours avant son propre bonheur. Elle l'avait prouvé en le forçant à partir alors qu'elle l'aimait encore. Il la connaissait par cœur, il comprenait la façon dont son esprit fonctionnait. Elle ne serait pas facile à convaincre.

Canada Blues 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant