Canada Blues 2

Dimanche 10 juillet 2016 /1

J'aurais apprécié pouvoir dormir quelques heures de plus. Je m'étais endormie tard et même si mon sommeil avait été profond, je ne me sentais pas reposée. J'étais fatiguée par ma dernière tournée et les émotions ressenties la veille au soir m'avaient vidées.

Mais c'était sans compter le réveil matinal de ma famille. Cléo babillait à quelques mètres de moi tandis que ma tante préparait le petit-déjeuner. J'entendais les voix des garçons sur la terrasse et Wendy s'activait à ranger matelas et couvertures. Je poussai un soupir agacé et me retournai sur moi-même, abattant l'oreiller sur ma tête.

- Allez, debout, me secoua Romain en traversant le salon. Tu dormiras mieux demain.

Je grognai.

- Désolée, ma chérie, ajouta ma tante. Amandine et Bastien ont vidé leur chambre. Tu peux t'y installer dès que tu le souhaites.

- Hum.

Je trainai encore quelques minutes, jusqu'à ce que le doux fumet des croissants chauds me chatouille les narines. Je rabattis la couette et quittai le canapé de mauvaise grâce. Je sortis sur la terrasse, encore à moitié endormie. J'étais la dernière à être debout, visiblement. Le temps était magnifique. Le soleil me fit plisser les yeux. Je me laissai choir sur la dernière chaise vacante.

- T'es vraiment pas du matin, rit David. Tu verrais ta tronche.

Je levai la main pour l'inciter à se taire.

- Tu ronfles, enfoiré, râlai-je.

- Je crois que c'était plutôt Romain, soupira Margot, occupée à tenter de convaincre sa fille de manger.

- Je vais dormir sur la terrasse le reste de la semaine, soupirai-je.

Je m'emparai d'un croissant et me servis un grand verre de jus d'orange. Je levai les yeux et croisai le regard de Dan, assis en face de moi. Je me sentis soudain parfaitement réveillée. Il avait les cheveux en bataille, et cette jolie vue me ramena à nouveau des années en arrière. Je l'avais toujours trouvé encore plus craquant au réveil. Ce qui ne devait absolument pas être mon cas actuellement. Avec mon visage fatigué et mon pyjama chiffonné, je ne devais pas avoir fière allure. Je détournai le regard, gênée.

***

Nous venions de terminer le repas du midi et l'heure du départ pour mon oncle, ma tante, Amandine et Bastien était arrivée. Nous avions passé la matinée à traîner autour de la piscine tandis que ma famille rassemblait ses affaires. Cléo partait avec eux. C'était la première fois que Romain et Margot se séparaient de leur fille si longtemps. Au moment des au revoir, Margot ne put retenir ses larmes, comme la maman poule qu'elle était devenue. Romain se chargea de la réconforter, à peine moqueur. Je devinai que cela lui faisait quelque chose à lui aussi, malgré son habituelle attitude bravache.

Catherine et Bernard nous souhaitèrent de bonnes vacances, ma tante serrant dans ses bras toute personne lui tombant sous la main - j'y eus droit deux fois. Puis, à grand renfort de signes de la main et de cris, ils montèrent en voiture et disparurent.

Nous terminâmes de ranger la table et la terrasse puis Jamie tapa dans ses mains.

- Plage ? Proposa t-il.

Nous acquiesçâmes avec enthousiasme. Je me dirigeai vers la petite chambre que j'avais récupéré et piochai mon maillot de bain dans le fond de ma valise. Je l'enfilai sous un short en jean et un débardeur blanc. Puis je coiffai rapidement mes cheveux et les attachai en queue de cheval. Je fourrai ma crème solaire, une serviette et un bouquin dans mon sac de plage. J'avais hâte de plonger dans l'eau fraîche de l'océan Atlantique.