Vendredi 13 septembre 2013

91 5 0
                                    

Tandis que je planchai sur les premières notes de frais, mon téléphone sonna.

- Allô ?

- Mademoiselle Costes ? Monsieur Lannaux. Vous pouvez venir dans mon bureau cinq minutes ?

- Heu...oui. J'arrive tout de suite.

Je raccrochai et filai vers le bureau du président. La porte était ouverte ; il m'attendait.

- Vous vouliez me voir, Monsieur ?

- Oui. Asseyez vous.

Lannaux était froid et distant - j'entendais par là, encore plus que d'habitude.

- Votre remplaçant, Monsieur Ronsard, est arrivé aujourd'hui.

Je le regardai, surprise.

- Aujourd'hui ? Il me semblait que c'était la semaine prochaine.

- Eh bien vous avez du mal comprendre.

Je me mordis la langue pour m'empêcher de répliquer.

- Comme je vous l'ai précisé, enchaina Lannaux, je vous charge de sa formation pendant un mois. Vous devriez déposer votre préavis aujourd'hui. Avez-vous une lettre de démission ?

Je fus prise de court.

- Heu...non, pas immédiatement, répondis-je. Mais je vous la déposerai avant ce soir.

- Parfait. Olivier se charge en ce moment même de présenter votre remplaçant à l'équipe. Je vous invite à les rejoindre.

Mon cœur tomba au fond de mon estomac.

- En ce moment même ? Répétai-je bêtement.

- Évidemment, assena sèchement Lannaux. J'aimerais éviter de perdre davantage de temps, voyez-vous ? Bonne journée.

- Également, lâchai-je, accusant le coup.

Je sortis du bureau un peu assommée. Olivier était en train de présenter mon remplaçant à toute l'équipe et je n'avais encore rien dit à Romain et David. Je n'avais pas voulu que cela se passe comme ça. Comme la fois où Romain nous avait surpris et avait ainsi apprit de la manière la plus indélicate qui soit que nous étions ensemble. Je m'étais encore laissée dépassée par les évènements. Et j'étais maintenant invitée à les rejoindre. Romain allait piquer une crise.

Putain de vendredi 13.

Je descendis donc vers les vestiaires comme Jeanne d'Arc avait dû monter au bûcher. J'entendis la voix d'Olivier avant d'atteindre la porte ouverte.

- ...vous expliquera mieux que moi les raisons de son départ.

Je tournai en rond quelques secondes, en me répétant en boucle « Fais chier, fais chier, fais chier ». Puis je respirai un bon coup et m'apprêtai à entrer. Mais je tombai nez à nez avec Romain qui stoppa net en me voyant. Il me dévisagea avec un air dégouté.

- Ton remplaçant ? Lâcha t-il avec rage.

Il ne me laissa pas le temps de dire quoi que soit. Il passa près de moi en me bousculant presque et tourna le coin du couloir, son sac sur l'épaule. Je me sentis encore plus mal mais me souvins que je devais rejoindre les autres. Je passai la porte et des exclamations s'élevèrent.

- T'es sérieuse, tu t'en vas ? Me lança Jamie.

- Pourquoi ? Demanda Fabien.

- Parce qu'elle vous supporte plus les mecs, dit Joël.

- Il y a un peu de ça, déclarai-je en tentant d'insuffler un peu d'humour dans le ton de ma voix. Non, ajoutai-je tout de suite, ça n'a rien à voir avec vous. J'ai juste envie de faire autre chose.

Canada Blues 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant