J'étais arrivée trop tard. Je lui avais laissé le temps de m'oublier et il semblait y être parvenu. Il ne me servait plus à rien de me battre.
J'étais de retour chez moi. Il était plus de 22h. Recroquevillée dans mon canapé, je peinais encore à croire à ce qu'il s'était passé ces dernières 36 heures. Avais-je réellement été au Canada quelques heures auparavant ? M'étais-je vraiment trouvée si proche de lui que j'avais été tout prêt d'entendre sa voix ? Me revinrent en mémoire les magnifiques projections qui m'avaient accompagné lors de mon voyage. Toutes réduites à néant. Comment avais-je pu croire qu'il m'attendrait ? Après ce que je lui avais balancé au visage ? Après la manière dont je l'avais traité...Il était retourné auprès de Teresa. C'était peut-être elle, finalement, la femme de sa vie. A cette pensée, mon cœur s'emballa et une haine telle que je n'en avais pas ressenti depuis longtemps m'envahie. Je me levai brusquement, des tremblements dans tous mes membres et l'impression que ma tête allait exploser. Je tournai en rond, comme une lionne en cage, une envie de tout envoyer en l'air me tenaillant l'estomac. Ma gorge se noua et des sanglots m'étouffèrent. Des sanglots de colère, de frustration. Ils n'avaient plus rien à voir avec les larmes de chagrin que j'avais pleuré ces derniers mois. Si Teresa s'était trouvée devant moi à cet instant...je crois qu'il aurait fallu au moins trois canadiens bien charpentés pour m'empêcher de lui arracher sa putain de chevelure blonde et de lui faire ravaler son ignoble sourire. La jalousie que je ressentais me donnait l'impression de pouvoir faire n'importe quoi. Elle était avec lui. Je savais par expérience que la vie à ses côtés était magique, intense, extraordinaire, tellement parfaite. Teresa avait la chance de pouvoir passer du temps avec lui, d'être auprès de lui, de lui parler, de le contempler, de le toucher...
- Putain ! m'étranglai-je en donnant un coup de pied dans le canapé.
Je crus m'être cassé un orteil quand la douleur remonta jusqu'à ma cheville. « Bien fait pour toi », pensai-je rageusement. Je me sentis alors minable à la pensée que je n'avais même pas le droit d'en vouloir à cette fille. C'était moi la fautive. C'était l'histoire de ma vie ; j'étais toujours la fautive. Il était parti à cause de moi, parce que je l'y avais poussé. Je ne faisais que récolter ce que j'avais semé. Tout était de ma faute. Comme la mort de mes parents. Ils étaient morts à cause d'un caprice de gamine. Même si je ne me souvenais pas de ce que j'avais fait pour énerver mon père ce soir là, je savais que j'avais détourné son attention. J'étais la cause de leur accident.
Maintenant, la vie me faisait payer très cher toutes mes fautes. Et j'étais d'accord avec elle. Je le méritais. « Tu as tout perdu, c'est de ta faute, chantonnait-elle, et maintenant, tu fais quoi, pauvre fille ? "
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Canada Blues 2
General FictionLe cœur brisé et séparés par un océan, ils tentent de reconstruire leur vie. Entre coups du destin et chemins qui se croisent, découvrez la suite des aventures d'Alicia et Danick.