Vendredi 12 juillet 2013

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Je rentrai rapidement chez moi, immensément soulagée d'être en vacances pour les quatre prochaines semaines. Je devais être à Roissy à 21h30 d'après ma carte d'embarquement, 22h30 serait suffisant d'après mes calculs. Je sortis ma valise du placard et commençai à sélectionner rapidement les vêtements que j'emportais. Puis je passai aux affaires de toilettes, à mon pc et à mon chargeur. Je vérifiai les tarifs du parking et décidai que le taxi serait largement le plus économique.

J'appelais un taxi qui viendrait me chercher au bas de l'immeuble à 20h30. Je ne pris même pas le temps de faire un brin de ménage et je descendis rapidement lorsque le taxi sonna à l'interphone. Après avoir mis ma valise dans le coffre, la voiture démarra. Le front collé à la vitre, je regardais le paysage défiler, me sentant presque légère et satisfaite de partir sans un regard en arrière. Je dû somnoler dans la voiture car le trajet me sembla très court. Le taxi me déposa au terminal B et je réglai la course. Traînant ma valise derrière moi, je me dirigeai vers les comptoirs d'enregistrement. Puis je patientai dans la salle d'embarquement en observant les gens. Les aéroports m'avaient toujours fait le même effet : ils regorgeaient d'émotions contradictoires. L'euphorie et l'impatience de s'envoler vers des destinations toutes plus exotiques les unes que les autres se mêlaient au chagrin et à la tristesse des séparations et des retours. Les miennes, d'émotions, étaient devenues tellement imprévisibles ces derniers temps que je me sentais presque à l'aise, assise sur un banc de métal froid au beau milieu du terminal. Je m'emparai de mon portable et le gardai un instant dans le creux de la main. J'hésitai à envoyer un message à Romain. Je n'en avais pas envie. Mais malgré mon amertume, je ne voulais pas qu'il s'inquiète.

« Partie en vacances. Tout va bien. Bisous »

Je lui envoyai avant de changer d'avis. Puis j'éteignis mon téléphone. La voix nasillarde des hauts parleurs annonça l'embarquement pour le vol de Sydney. Je pris place dans la file d'attente et montrai ma carte d'embarquement et mon passeport à l'hôtesse. Puis je descendis sur le tarmac avec une bonne centaine d'autres voyageurs. Je m'installai à la place E31 et l'avion décolla dix minutes plus tard. Lorsque nous quittâmes la terre ferme, je ressentis un étrange soulagement, comme une personne poursuivie par un fou furieux et qui parvient à le distancer suffisamment pour retrouver un peu d'espoir. Je branchai mes écouteurs et me perdis immédiatement dans la contemplation du paysage, à travers le hublot.

***

Lorsque je descendis de l'avion, presque vingt heures plus tard, la chaleur écrasante me fit sourire. Voilà l'endroit où je devrais vivre... Je patientai une bonne demie heure pour récupérer mon bagage puis je suivis la foule vers la sortie. Une fois dans le hall, je tentai de repérer Abigail. J'aperçus sa tête blonde au milieu des autres voyageurs et je me dirigeai vers elle avec un grand sourire.

- Hello ! S'exclama t-elle en me serrant dans ses bras.

- Salut ! Ça fait plaisir d'être là.

- Carrément ! Allez, viens, je t'emmène dans mon petit coin de paradis. On va s'éclater !

Je lui emboitai le pas en riant. Nous rejoignîmes sa voiture et je tentai d'entretenir la conversation tout en dévorant le paysage des yeux. Tout était plus clair, plus simple, plus espacé. C'était rafraîchissant. Comme Abigail qui me fit rire en m'annonçant qu'aucun de ses amis n'avait jamais débarqué en Australie trente-six heures après l'avoir décidé.

- J'ai plein d'idées pour passer des vacances géniales, déclara t-elle. Ce soir, on commence tranquille : petite soirée rien qu'à nous histoire de se retrouver. Demain, premier barbeuc chez mon pote Kyle. Tu vas voir, il est top. La semaine prochaine, j'ai quelques cours à suivre, donc tu seras seule quelques heures mais tu pourras en profiter pour parfaire ton bronzage !

- Programme validé, souris-je.

Après une bonne heure de route, Abigail me désigna du doigt une petite maison en bois, presque cachée par les palmiers.

- On est chez moi !

- Sérieusement ? Soufflai-je.

Je ne vis pas de voisins aux alentours. Le coin était tranquille et magnifique. Nous descendîmes de voiture et je suivis Abi jusqu'à la porte. L'air était salé, le soleil éclatant et un léger vent chaud était apparu. Je fis quelques pas dans le salon et stoppai net, bouche bée. Une baie vitrée entrouverte offrait une vue imprenable sur une plage de sable blanc et une mer d'un bleu parfait.

- C'est magnifique...

- Je t'avais dit que c'était un petit coin de paradis, déclara Abi, enchantée.

- Tu ne m'as pas menti.

Je passai la baie vitrée et marchai sur la petite terrasse en bois sur laquelle Abi avait installé deux transats. C'était idyllique.

Abi et moi préparâmes notre repas dans la bonne humeur. Au menu : du melon frais, des tomates et du maïs. Un vrai repas d'été. Nous nous installâmes sur la terrasse, nos cocktails à la main.

- Alors, dit Abi, pourquoi avais-tu aussi expressément besoin de prendre l'air ?

Je grimaçai.

- Une histoire d'amour qui a mal tourné, c'est ça ? En déduit-elle.

Je sentis mon estomac s'alourdir.

- C'est ça.

- Ok. On n'en parle pas, comprit Abi. De toute façon, je préfère être une copine de beuverie plutôt qu'une confidente, ajouta t-elle avec un clin d'œil.

Je ris.

- Aux copines de beuverie, alors, dis-je en levant mon verre pour trinquer.

Nos verres tintèrent et je lançai la conversation sur la comédie musicale pour laquelle elle avait postulé.

Canada Blues 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant