Dimanche 12 janvier 2014

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J'arrivai chez ma tante vers 17h. Je lui avais promis de passer manger un bout de galette. Je retrouvai Bernard au salon, devant la télé.

- Bonjour, dis-je en lui faisant la bise.

- Bonjour.

Ça s'arrêta là, encore une fois. Je rejoignis Catherine à l'étage ; elle était tranquillement en train de lire dans son fauteuil, au pied de la fenêtre.

- Salut, tata, dis-je en entrant dans la pièce.

- Bonjour, ma chérie.

Elle m'embrassa chaleureusement et je m'assis près d'elle, au coin du lit.

- Qu'est-ce que tu lis ?

- « L'amour passion », répondit-elle. Encore un de mes romans à l'eau de rose, comme dirait ton cousin. Qu'est-ce que tu veux, j'aime les belles histoires d'amour.

Je souris. Moi, elles me donnaient envie de vomir. Catherine referma son livre et posa son regard sur moi.

- Tu as vécu une très belle histoire d'amour, n'est-ce pas ?
Dit-elle d'une voix douce.

Je levai les yeux vers elle et ne répondis pas. Ma voix semblait être bloquée au fond de ma gorge. Je me contentai de secouer la tête. Ma tante posa sa main sur mon bras.

- Tu t'en remettras, ma chérie. On se remet de tout.

Je secouai la tête, soudain prête à pleurer.

- Non, on ne se remet pas de tout. Je ne me suis pas remise de ça, murmurai-je en fixant des yeux la photo de mes parents posée sur la commode.

Catherine suivit mon regard et son visage s'assombrit. Elle serra davantage ma main.

- Je sais. Je sais.

Je ne sus pas pourquoi cela me revint à cet instant, mais je me souvins de ce qu'il m'avait dit un jour. Que je ressentirais le besoin de parler avec ma tante. Qu'il me serait un jour nécessaire d'extérioriser. Je jetai un œil à Catherine qui m'observait attentivement.

- Tata..., commençai-je, je sais que je ne suis pas facile, que je ne parle pas beaucoup. Et que les grandes conversations, ce n'est pas mon truc. Tu as souvent essayé, de me parler, d'aller plus au fond des choses. Mais je t'ai repoussé, à chaque fois. Je voulais...m'en excuser.

Catherine hocha la tête avec un petit sourire.

- Tu n'as pas à t'excuser, ma chérie. Tu es comme ça. Tu n'aimes pas te confier. Tu as toujours été un peu sauvage. Sauf avec Romain, bien sûr.

Je souris.

- Mais c'est vrai, reprit ma tante, j'aurais aimé qu'on se parle davantage, qu'on soit plus proches.

Je gardai le silence un instant.

- Tu m'as toujours dit que cela n'avait été que du bonheur de me recueillir, dis-je en examinant mes ongles. Mais je me doute bien que cela n'a pas été aussi facile.

Le visage de Catherine n'exprimait aucune surprise, comme si elle avait toujours su que cette discussion viendrait. Comme lui.

- J'ai besoin que tu me dises ce que ça a réellement changé dans vos vies.

Ma tante poussa un soupir mais conserva son sourire.

- Ça a changé énormément de chose. Et puis rien à la fois. Tu faisais déjà partie de la famille, c'était instinctif de te recueillir. Et puis, tu t'entendais déjà tellement bien avec Romain. C'était normal de te prendre avec nous, tu comprends ? Je veux que tu saches que c'était normal et que nous ne nous sommes même pas posé la question. Nous avions déjà deux beaux enfants et nous pouvions te prendre à notre charge. En cela, tu n'as rien changé.

Canada Blues 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant