Lorsque j'ouvris les yeux le lendemain, je regrettai d'être rentrée si tard la veille. Je me sentais fatiguée et à fleur de peau. Ce n'était pas l'état rêvé pour un jour d'épreuve. Je jetai un œil aux lits de Wen et Camille, que je trouvai vides. Probablement étaient-elles déjà descendu déjeuner. Je sortis difficilement de mon lit, enfilai les premières fringues qui me tombèrent sous la main et descendis. Quand je rejoignis les autres dans la salle de restaurant, mon regard tomba directement sur Zora. Lorsqu'elle m'aperçut, elle baissa immédiatement les yeux. J'en ressentis une immense satisfaction. Les autres me dirent bonjour plutôt timidement, souhaitant surement s'assurer que mon humeur s'était radoucie. Je croisai le regard de César qui me demanda silencieusement « Ça va ? ». J'acquiesçai et plongeai dans mon bol de céréales.
Deux heures plus tard, j'entrai dans l'immense salle qui nous servirait de lieu d'entrainement en compagnie d'Arthur, le partenaire qui m'avait été aléatoirement attribué. La salle était déjà occupée par les duos qui passeraient devant le jury avant nous. La chorégraphie imposée nous avait été apprise le matin même. Nous avions tous 2 heures pour la travailler en duo avant de la présenter à l'épreuve. La difficulté était de devoir rapidement faire confiance à un partenaire que nous ne connaissions pas. Je fus soulagée lorsque je m'aperçus qu'Arthur avait un bon niveau et était plutôt sympathique. Je me sentis vite à l'aise et nous pûmes travailler dans de bonnes conditions.
Lorsque notre tour arriva, il était 15h30 passées. J'étais concentrée mais pas très confiante. Même si le jury était sensé nous juger de manière individuelle, l'ensemble du duo pèserait forcément dans la balance. Ma note ne dépendait pas uniquement de moi et cela m'angoissait.
Arthur se plaça face à moi et me fit un clin d'œil discret. Je me détendis légèrement. Puis les premières notes retentirent. Les mouvements d'Arthur étaient fluides et ses appuis parfaits. Nous terminâmes la chorégraphie sans problème particulier. Le jury nous remercia et nous sortîmes de la scène.
- Félicitations, tu étais parfaite, dit Arthur en souriant.
Je lui rendis son sourire.
- Merci.
- On va à la cafétéria ? Proposa t-il. En attendant les résultats.
- Ok.
Nous rejoignîmes une bonne partie des candidats à la cafét. L'incontournable attente commença. Après trois heures interminables, les résultats furent enfin affichés. Je me précipitai vers les panneaux et cherchai fiévreusement mon nom. J'avais obtenu la note de... 9,25 ! Je trépignai encore plus de joie quand je m'aperçus que j'étais troisième de l'épreuve. Sur 141, c'était plutôt un bon score !
Je jetai un coup d'œil au classement général. J'étais remonté à la vingt-huitième place. Quatorze participants avaient été éliminés ; nous n'étions plus que 127.
Dans le car, sur le chemin du retour, je me sentais plus motivée que jamais. Je pouvais encore finir dans les premiers. Il restait deux épreuves éliminatoires, les sauts et la chorée libre, deux domaines que je maitrisais. Je devais m'accrocher.
Nous rentrâmes de Paris vers 23 heures. Tandis que je descendais du car dans les derniers - j'étais rarement pressée de rentrer chez moi ces derniers temps - César m'interpela :
- Hé, Alie !
Je me retournai et le laissai me rejoindre.
- Tu rentres comment ? Demanda t-il.
- J'ai ma voiture.
- Ça t'embêtes de me déposer ?
- Non. Je suis garée là bas.
Nous grimpâmes dans ma voiture et je démarrai. César me demanda comment s'était passé l'épreuve et je l'interrogeai à mon tour. Quand le sujet fut épuisé, il se tourna vers moi.
- Qu'est-ce qui s'est passé, avec Zora ? Tu peux bien me le dire ça, non ? Anticipa t-il.
- Avec plaisir, puisque ça te concerne.
Il leva un sourcil interrogateur, perplexe.
- Comment ça ?
- Elle pense que toi et moi sommes ensemble. Et ça n'a pas l'air de lui plaire, ajoutai-je avec un sourire satisfait.
César eut un petit sourire et me fit une œillade.
- J'aurais bien aimé qu'elle ait raison, glissa t-il en riant.
- Sérieusement, elle a l'air très intéressée, insistai-je avec une moue moqueuse.
Il resta pensif un instant puis fit la grimace.
- Zora ne me plait pas. Elle ne me donne pas l'impression d'être...agréable.
- Je te confirme qu'elle ne l'est pas.
- Que t'a-t-elle dit d'autre, pour que tu pètes autant les plombs ? reprit-il.
- Des conneries.
- Comme sa remarque sur... lui ?
Je tournai brusquement la tête vers lui, étonnée qu'il soit si perspicace. Je ne répondis pas et César poussa un petit soupir résigné.
- Tu t'es suffisamment confiée pour ce soir, c'est ça ? Plaisanta t-il.
- C'est ça. Et en plus, tu es chez toi, déclarai-je en me garant devant la porte de son immeuble.
- Merci de m'avoir ramené.
César se pencha et me fit la bise avant de descendre de voiture.
- Bonne nuit. A mardi.
- A mardi.
Je redémarrai et pris la direction de chez moi.
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Canada Blues 2
Narrativa generaleLe cœur brisé et séparés par un océan, ils tentent de reconstruire leur vie. Entre coups du destin et chemins qui se croisent, découvrez la suite des aventures d'Alicia et Danick.