08h heure canadienne / 14h heure française
Dan patientai dans la salle d'embarquement depuis 40 minutes. Mais il n'avait pas vu le temps passer. Accroché à son téléphone, il visionnait en boucle l'annonce des résultats du championnat. Il était tellement heureux pour elle qu'il ne pouvait s'empêcher de sourire. Et il avait le cœur gonflé de fierté. Il avait vu cette incroyable lueur dans son regard quand elle avait comprit qu'elle était championne de France. Cette lueur dans ses magnifiques yeux verts. Elle les avait fermé un instant, le sourire aux lèvres. Dan savait où s'était échappé son esprit à ce moment. Auprès de sa mère, de laquelle elle venait de réaliser le rêve. Lorsqu'elle avait rouvert les yeux, le sourire qui illuminait son visage s'était imprimé dans l'esprit de Dan et il était certain que jamais il ne l'oublierait. Alie, debout sur la plus haute marche du podium, une médaille d'or autour du cou et la coupe de France dans la main, le visage animé d'un indicible bonheur. C'était une des plus belles images qui lui fut donnée de voir.
Alors qu'il imaginait la fierté et la joie de Romain, de Margot, de sa tante et de son oncle, Dan fut tiré de sa rêverie par la sonnerie de son téléphone. En voyant le nom de sa mère s'afficher, il fronça les sourcils, surpris.
- Maman ? Décrocha t-il.
- Danick ! Où es tu ?
La voix de sa mère était déformée par l'angoisse. Immédiatement, il sentit son cœur s'affoler.
- A l'aéroport. Qu'est ce qu'il...
- C'est ton père. Il...il a eu des douleurs à la poitrine et du mal à respirer. Juste après ton départ. Je...je ne sais pas ce qu'il a. On est dans l'ambulance.
Sa main se crispa sur son téléphone. Douleur à la poitrine. Du mal à respirer. Ces mots tournaient en boucle dans son esprit, imaginant déjà le pire. La peur lui étreignit immédiatement l'estomac. Sans perdre davantage de temps, il empoigna sa valise et se mit à courir vers la sortie du terminal.
- Maman, je te rejoins à l'hôpital.
***
16h heure française / 10h heure canadienne
Je jetai mon sac dans le coffre du mini bus mais conservait ma coupe. Narcissiquement, je n'arrivais pas à m'en éloigner. Camille et Wendy en profitaient déjà pour se moquer. Avec l'impression d'être toujours sur un petit nuage, je montai dans le bus et me laissai choir sur le dernier siège. Wen et Camille se jetèrent sur la banquette du fond. Dès que tout le monde fût installé, le mini bus démarra.
Ces dernières heures étaient passées à une vitesse folle. Après l'annonce des résultats, Nicole, Wendy, Camille et le reste de la troupe s'étaient jeté sur moi pour me féliciter. Ça avait été un moment de partage et de bonheur indescriptible. Puis il avait fallu répondre à quelques journalistes, caméras au poing. C'était un exercice que je détestais au plus haut point. Mais à cet instant, rien n'aurait pu entamer ma bonne humeur.
Le public partit, nous avions partagé un repas avec les autres candidats et le jury. J'avais dévoré mon assiette. Nicole, aux anges, n'avait même pas pensé à me rabrouer. J'avais reçu un appel de Romain, qui m'avait hurlé sa joie dans les oreilles. J'avais cru comprendre, dans le brouhaha qui l'entourait, qu'ils nous attendaient à l'Harmonium pour fêter ça. Je n'avais pas saisi la contenance de ce « ils". Je savais seulement que j'avais hâte de rentrer et de partager mon bonheur avec ma famille.
La tête posée sur la vitre, je regardai le paysage parisien défiler, le sourire aux lèvres. Une pensée me traversa l'esprit et il s'estompa. Cette journée aurait pu être parfaite. S'il avait été là. Là où il aurait dû être. A mes côtés. La coupe que je tenais toujours dans la main me sembla moins brillante sachant que je ne pourrais pas la partager avec lui.
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Canada Blues 2
Aktuelle LiteraturLe cœur brisé et séparés par un océan, ils tentent de reconstruire leur vie. Entre coups du destin et chemins qui se croisent, découvrez la suite des aventures d'Alicia et Danick.