Canada Blues 2

Samedi 11 juin 2016

Je me glissai sous les draps en lâchant un petit soupir d'aise. La soirée était déjà bien avancée et la journée avait été longue. Matt me rejoignit dans la chambre et alluma sa lampe de chevet. Je l'observai se débarrasser de ses vêtements en savourant la jolie vue sur son corps presque nu. Il intercepta mon regard gourmand et un sourire coquin s'installa sur son visage.

- Tu as quelque chose à me demander ? Me taquina t-il en s'allongeant à mes côtés.

- Je ne comptais pas demander, répliquai-je sur le même ton. Je comptais me servir.

- Ça, ça me plaît.

En riant, je plongeai sous les draps. Je baissai rapidement son caleçon, sentant l'excitation me gagner. Je déposai de petits baisers sur le haut de ses cuisses, caressant les muscles qui saillaient sous sa peau. Puis, alors que Matt passait doucement la main dans mes cheveux, je le pris dans ma bouche. Il lâcha un petit grognement et je m'appliquai de longues minutes à lui faire plaisir. Lorsque je sentis qu'il était prêt, je me redressai et m'empalai langoureusement sur son sexe. Je me tortillai doucement, profitant de sa chaleur en moi. Et je fermai les yeux. Comme cela m'arrivait souvent lors de nos ébats. J'en avais honte, mais je laissais souvent mon esprit divaguer. Et s'envoler vers lui. Danick. Non pas que le sexe avec Matt fut déplaisant ou ennuyeux, pas du tout. Il était souvent affectueux et il n'avait pas à rougir de ses performances. Mais le sexe avec Dan... Cela avait été tout autre chose. Il avait provoqué des ouragans de plaisir en moi, m'avait littéralement fait atteindre le septième ciel, ce nirvana dont j'ignorais jusqu'alors l'existence. Il contrôlait mon corps qui lui répondait au doigt et à l'œil, il en connaissait chaque point érogène, chaque recoins sensibles. Me noyant dans mes fantasmes, j'imaginais que c'étaient ses mains qui me caressaient, son odeur qui m'envoutait, ses hanches qui ondulaient sous mon corps.

C'était minable, je le savais. Et Matt ne méritait pas ça. Mais malgré tous mes efforts, le souvenir de Dan ne s'effaçait pas. Au fur et à mesure des mois, il s'était atténué bien sûr, laissant place à mes nouveaux souvenirs avec Matt. Mais il restait ancré au fond de moi et j'avais compris qu'il ne disparaîtrait jamais. J'avais appris à vivre avec, à composer. Je m'étais résignée à ne jamais pouvoir l'oublier. C'était ainsi et ça ne changerait jamais. Dan resterait mon grand amour. Et j'espérais simplement qu'il ne soit pas le dernier.

Les débuts de ma relation avec Matt avaient été compliqués. J'avais eu beaucoup de mal à me laisser aller, à lui permettre de m'approcher, de me toucher. J'avais l'impression de commettre une trahison impardonnable. Notre première relation sexuelle avait été une épreuve pratiquement insurmontable pour moi. Je m'étais littéralement forcée, tentant de me convaincre silencieusement que je devais sauter le pas, tout en conservant un sourire de façade pour que Matt ne soupçonne pas la tempête qui faisait rage en moi. Ses mains sur mon corps m'avaient brûlé, ses lèvres sur les miennes m'avaient fait paniquer et lorsqu'il s'était insinué en moi, j'avais été à deux doigts de tourner de l'œil. Je m'étais détestée de ressentir de pareilles choses alors que Matt était une personne en or.

Je passais mon temps à comparer, à chercher des points communs entre Dan et Matt, sans jamais en trouver aucun. C'était plus fort que moi, tout en sachant que c'était vain et inutile.
Heureusement, à force de tact et de patience, Matt avait su me conquérir. Et j'en avais été heureuse. Un jour, sans réelle raison, j'avais enfin ouvert les yeux sur ses qualités propres. Sur tout ce qui faisait qu'il m'attirait et que je me sentais bien avec lui. Je m'étais accrochée à ces agréables pensées et j'avais cessé de constamment chercher des petits bouts de Dan en lui. Matt était lui-même, et c'était très bien ainsi.

Malgré tout, il m'arrivait encore souvent de penser à Danick - et pas seulement pour combler mes fantasmes purement sexuels. Je me demandais ce qu'il devenait, à quoi ressemblait sa vie aujourd'hui. Je suivais toujours sa carrière, de loin. Et j'étais toujours aussi fière de lui que le jour où il était devenu champion du monde. Je savais aussi qu'il avait refait sa vie. Elle s'appelait Manon et elle était infirmière. C'était les seules informations que j'avais réussi à glaner discrètement auprès de David. Je n'avais jamais pris le temps d'analyser ce que cela me faisait ressentir. Ça me faisait encore beaucoup trop peur. Je préférais tenir ces pensées loin de mon esprit.

Matt ne savait pas grand-chose à son sujet. Lui parler de Dan m'avait été pratiquement impossible. Il savait que nous étions restés ensemble quelques mois, qu'il était hockeyeur et le meilleur ami de David et qu'il avait du repartir au Canada. Ses connaissances s'arrêtaient là. Matt n'avait aucune idée de l'intensité de la passion qui m'avait animée, ni que son départ m'avait presque tuée. Il ne se doutait pas que Dan resterait toujours une partie de moi. Une partie de moi verrouillée à double tour et profondément enfouie mais toujours présente.