Mardi 12 juillet 2016 /2

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Je déposai les assiettes sur la table et disposai les couverts. Martin apporta les salades et Dan les boissons. Nous nous mimes à table avec bonne humeur. David mit un fond de musique et nous échangeâmes sur la journée passée et celle du lendemain. Nous partions dans la matinée pour une longue randonnée, une portion de quelques kilomètres du GR20, qui traversait les plus belles vallées des environs.

-          Alie, lève la tête ! M'interpela Margot.

Je m’exécutai et elle en profita pour faire quelques photos de notre joyeuse tablée. Puis elle vint se poster derrière moi, invitant Wendy à faire de même afin d'immortaliser l’instant de quelques selfies mémorables.

A la fin du repas, tandis que les filles préparaient le dessert, je me laissai aller au fond de ma chaise, écoutant d'une oreille distraite les conversations des garçons. J'observai Dan du coin de l'œil, profitant qu'il ne faisait pas attention à moi. Et je repensai à ses paroles, un peu plus tôt dans la journée. Il voulait me prouver qu'il y avait toujours quelque chose entre nous. Il n'en avait aucunement besoin ; les émotions qu'il me faisait toujours ressentir en étaient une preuve largement suffisante. Physiquement, je le désirais toujours. Ça, c’était clair pour tous les deux. Mais sinon ? Était-ce plus profond ? Était-ce toujours de l'amour ? Je n'osais même pas me poser la question. J'avais l'impression que la réponse pouvait mettre ma vie sans dessus dessous. Nos vies. Et lui ? Songeait-il seulement à l’aspect charnel de notre relation ou à de réels sentiments ? Pouvions-nous seulement nous permettre d’y penser ?

Je n'en savais rien. Tout ce que je savais, c’était que j'avais envie d’être proche de lui, près de lui, tout contre lui. Je voulais qu’il me serre de ses bras forts, qu'il me parle de sa voix grave et qu'il m'admire de ses envoûtantes prunelles. Juste profiter de sa présence tant qu’il était encore là. Sans penser aux conséquences, qui ne manqueraient pas d’être douloureuses.

-          Le dessert est servi ! Claironna Margot en me sortant brutalement de mes songes.

Je m’occupai de découper le gâteau et de servir les assiettes. Tout en dégustant ma part plutôt généreuse, je me connectai rapidement sur mon fil d’actualité Facebook. Je vis que Margot venait de poster le selfie que nous avions pris avec Wendy une heure auparavant. Je m’apprêtai à refermer la page lorsque je m’aperçus qu’en second plan de la photo, légèrement flous mais parfaitement reconnaissables, se trouvaient Dan et Jamie. Mon cœur fit un bond d'angoisse. Je me penchai vivement vers Margot et lui désignai sa publication.

-          J’explique ça comment à Matt s'il tombe dessus ? Chuchotai-je furieusement.

Margot jeta un coup d'œil à mon écran puis son regard s’illumina d'une lueur de compréhension.

-          Merde. Excuse moi, je n'avais pas vu.

-          Supprime, s'il te plaît.

Elle acquiesça vivement et s’exécuta. Je me rassis au fond de ma chaise en vérifiant l'heure. 23h25. Je savais que Matt était de permanence toute la nuit et qu'il ne gardait généralement pas son portable sur lui. Il y avait peu de chance pour qu'il ait vu la photo et reconnu Dan. De toute façon, si cela avait été le cas, j'aurais déjà reçu un coup de téléphone furibond.

Un peu rassérénée, je me joignis à la conversation.
 

***
 

Manon referma la porte de son casier après s’être changée et y avoir récupéré ses affaires. Elle venait de terminer son service à l’hôpital mais n'avait pas hâte de rentrer. L’appartement était bien trop vide et silencieux quand Danick n’était pas là. Elle avait beau avoir l'habitude de ses nombreux déplacements, il ne partait jamais plus de trois jours. Et toujours pour le hockey, jamais pour des vacances sans elle.

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