Dimanche 8 juin 2014 / 1

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6h heure française - 00h heure canadienne

La sonnerie de mon réveil me tira brutalement du sommeil. Je cherchai mon téléphone à tâtons pour éteindre cette maudite alarme. Je rabattis la couverture et me levai difficilement ; les épreuves de ces derniers jours avaient été éprouvantes. En tentant d'occulter que dans quelques heures, je serais sur la scène de l'Accord Arena pour y présenter mon programme libre devant un jury de prestige, j'enfilai mon jogging. Puis je descendis prendre mon petit-déjeuner, me demandant si j'arriverais à avaler quoi que ce soit. Nicole était déjà attablée et paraissait m'attendre de pied ferme.

- Bien dormi ? Demanda t-elle sans attendre que je sois assise.

- Oui, répondis-je mollement.

- J'ai déjà commandé pour toi. Tu dois manger correctement.

Je dissimulai une grimace lorsque la serveuse déposa un énorme verre de jus d'orange, des kiwis, des bananes, un verre de lait et du pain complet sur la table.

- Je ne vais jamais manger tout ça, refusai-je.

- Il faudra bien, insista Nicole en me lançant un coup d'œil appuyé.

Capitulant, je m'emparai d'une banane.

***

2h heure canadienne - 8h heure française

Dan laissa sa voiture sur le petit parking mal éclairé. Il emprunta le long escalier en bois, traversa la passerelle, puis un second escalier et mit enfin le pied sur la plage déserte. Il connaissait bien cet endroit ; ses parents l'y emmenaient souvent lorsqu'il était gamin et il avait prit l'habitude depuis de venir y marcher dès qu'il en ressentait le besoin. Comme beaucoup d'endroit au Canada, ce lieu respirait le calme et la tranquillité. Tout ce qu'il ne ressentait pas à l'instant où ses pas foulaient le sable granuleux.

Ses pensées et ses sentiments changeaient de seconde en seconde, trop rapidement pour que Dan ait le temps d'en comprendre tout le sens. Un instant, il se sentait euphorique et l'instant d'après, en proie à d'horribles doutes.

Elle était venue. Alie était venue... Cette pensée le transportait, comme si l'énergie vitale qui lui avait manqué depuis leur séparation circulait à nouveau dans ses veines. Dan avait du mal à croire qu'elle ait pu prendre un avion, atterrir à Montréal, venir par il ne savait quel moyen jusqu'à chez ses parents... sans rien lui dire. Et tout ça pour quoi ? Pour qu'elle le voit embrasser Teresa sous du gui... ?

Il ramassa un galet et le jeta dans le fleuve avec rage. La vie avait vraiment un drôle de sens de l'humour. Pourquoi l'avoir laissé venir si près de lui pour l'éloigner presque aussitôt ? Pourquoi ne s'était-elle pas présentée chez ses parents la veille, le lendemain ou même une heure plus tard ?

Dan se sentait tellement stupide d'avoir loupé l'occasion de sa vie qu'il avait envie de se donner des claques. Stupide et tellement en colère ! Si seulement Teresa l'avait prévenu, si seulement elle lui avait dit... Il aurait pu la rattraper, lui dire qu'il l'attendait depuis des mois et ne pas la laisser repartir. Il repensa avec rage au baiser de Teresa ; elle l'avait embrassé en sachant qu'Alie les observait. Cette idée le dégoûtait. Son ex petite amie était tombée bien bas.
« Pas autant que toi" lui asséna une petite voix dans sa tête. Elle n'avait pas tort. Teresa non plus. Il était ridicule. Il ne pouvait pas continuer à vivre ainsi. Il devait arrêter de ressasser le passé et décider de ce qu'il convenait de faire maintenant. Devait-il lui téléphoner ? Prendre l'avion pour la France ? Il s'était écoulé plusieurs mois depuis sa venue. Comment être sûr qu'elle serait heureuse de le retrouver, aujourd'hui ? Son cœur se serra en songeant à son « partenaire" César. Étaient-ils vraiment ensemble ? « Tu ne le sauras qu'en lui posant la question", pensa t-il.

Canada Blues 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant