Je me réveillai tard, l’esprit embrumé et des courbatures dans tous les membres. Mes entraînements de ces derniers jours avaient été éreintants. Il me restait à peine un mois pour peaufiner la chorégraphie que je présenterai devant les juges. Sans être en retard, je sentais poindre un léger sentiment d’urgence. J’allais devoir augmenter un peu le nombre de séance.
J’attrapai mon portable et me connectai sur mon compte Facebook. Il y avait quelques semaines que je ne m’en étais pas préoccupée. Je vis que Quentin, le photographe de la troupe, m’avait posté le lien du clip dont nous avions parlé une fois précédente. Je le visionnai en songeant aux améliorations que je pourrais apporter à ma chorégraphie. Puis je me baladai rapidement sur la page de Quentin. Je parvins au mois de décembre ; la dernière image était l’oiseau du jeu Angry Bird soufflant sur un énorme cœur, accompagnée du commentaire sarcastique sur ma soi-disant relation avec César auquel j’avais répondu de manière tout aussi sarcastique. L'histoire avec Zora avait beaucoup fait rire Quentin.
Je me levai avec l’intention de ne rien faire. Je passai donc une bonne partie de la journée devant la télé. Vers 18h, je reçu un message de Romain qui me demandait si je mangeais chez eux ce soir. Je répondis que oui ; prendre l’air me ferait du bien.
J’arrivai donc chez mon cousin une heure plus tard et eut la surprise d’y trouver David, bien sur accompagné de Wendy.
- Salut tout le monde, dis-je en faisant le tour de la table pour les embrasser.
Wendy me fit un grand sourire mais semblait toute timide. Je pris place entre elle et Margot.
- Comment ça va, future maman ? M’enquis-je.
- Ça va, répondit-elle, le visage souriant. Finis les nausées, maintenant place aux kilos.
Je jetai un œil à son ventre et m’aperçus qu’il était maintenant bien bombé.
- Effectivement, acquiesçai-je. Pas trop dur de dire au revoir à la taille 38 ?
- J’essaye de ne pas y penser.
- Tu es enceinte de combien ? Demanda Wendy, très intéressée.
- 4 mois et demi, répondit Margot.
- Vous voulez connaître le sexe ?
- Oui, je pense.
- Et vous avez déjà choisi les prénoms ? Voulut encore savoir Wen.
Margot semblait ravie de répondre à ses questions, moi un peu moins de les entendre.
- Wen, prend ma place, dis-je en me levant. J’ai l’impression que vous ne tarderez pas à en venir à l'accouchement. Très peu pour moi.
Wendy décala d’une chaise en riant et je me rapprochai de Romain et David.
- Tu vas pas me parler de maternité, rassure moi ? Demandai-je à mon cousin.
- J’ai une tête à parler nausées matinales ? Grimaça t-il.
- Bon, quoi de neuf au club ? Demandai-je.
Le hockey commençait à sérieusement me manquer.
- On vient de commencer les plays off, me dit Romain. Une défaite, une victoire, pour l’instant.
- Contre qui la défaite ?
- Gap, répondit David. Leur gardien, c’est un malade. Pas moyen de le feinter et c’est pas faute d’avoir essayé.
- Et leur défense est vraiment bien calée, ajouta Romain.
- Vous en êtes où dans le classement ?
- Septième, soupira David. Ça devient lassant.
- Et la coupe du monde ? Poursuivis-je. J’ai rien suivi.
Je les vis échanger un regard et son prénom sembla flotter un instant dans les airs.
- Le Canada est premier, lâcha finalement Romain. Après, c’est la Finlande et la Russie. La France est douzième.
- Pas mal, dis-je, habituée à ce que notre équipe nationale ne dépasse pas la quinzième place.
- Comment ça se passe au secrétariat ? Demanda soudainement Romain avec un regard sceptique.
- Bien.
Je vis mon cousin afficher un air peu convaincu et David lever un sourcil.
- D’accord, je m’ennuie avouai-je. Ça n’a rien à voir avec le club.
- Alors, reviens, dit Romain.
- La saison prochaine, peut-être, répondis-je pensivement. En même temps, c’est agréable de ne plus bosser avec Éric. Et de ne plus avoir Lannaux sur le dos.
- Oui, mais tu adores bosser avec nous, intervint David avec un clin d’œil.
- Je n’ai pas encore digéré le comportement de Lannaux quand je suis partie.
- Pourquoi ? S’étonna Romain en fronçant les sourcils.
- A partir du moment ou je lui ai dit que je partais, il m’a carrément poussé à la porte. Je ne lui demandai pas de se réjouir de la nouvelle mais il aurait pu être plus…délicat.
- C’est un abruti, trancha Romain, qui ne l’avait jamais aimé. Au fait, tu as retrouvé du boulot ? Demanda t-il, en me sondant du regard.
- Non, mon préavis a pris fin il y a une semaine.
- Tu as cherché ? Insista t-il.
- Non, répétai-je en levant les yeux au ciel. Je ne chercherais pas jusqu’au championnat. J’ai besoin de temps pour m’entraîner.
- Tu trouvais le temps quand tu bossais.
- Je m’entraîne plus.
- T’as pas envie, quoi.
Je poussai un soupir et croisai le regard de David.
- J’ai d’autres priorités pour le moment.
- Et si tu te plantes ? Si tu as tout lâché pour rien ?
- Je ne me planterai pas, assenai-je sèchement en le fusillant du regard.
Romain n’ajouta rien mais secoua la tête, réprobateur.
- Et comment ça se présente pour la prochaine épreuve ? Demanda David, probablement pour faire diversion.
- J’ai encore du boulot mais ça devrait le faire. Il faut que je travaille davantage.
- Encore plus que maintenant ? Releva David.
- Oui.
- Combien d’heures d’entraînement la semaine dernière ? M’interrogea t-il.
- J’en sais rien, répondis je en haussant les épaules.
- 20 ? 30 ? Insista t-il.
- Une quarantaine, lâchai-je.
- C’est le maximum si tu veux rester raisonnable, me prévint David.
- Qui a dit que je voulais rester raisonnable ? plaisantai-je.
- Ça, on avait bien compris, déclara mon cousin. Mais David a raison ; ça sert à rien de t’épuiser.
- Vous inquiétez pas, dis-je, je sais ce que je fais.
David hocha la tête, résigné et Romain se mordit l’intérieur de la joue pour se retenir de répliquer.
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Canada Blues 2
General FictionLe cœur brisé et séparés par un océan, ils tentent de reconstruire leur vie. Entre coups du destin et chemins qui se croisent, découvrez la suite des aventures d'Alicia et Danick.