Canada Blues 2

Vendredi 22 novembre 2013

L'épreuve des duos aurait lieu le lendemain. Je repris le car en compagnie de la troupe vers 18h. Je m'installai au fond du bus, derrière la banquette de Camille et Wendy. Je m'apprêtai à sortir mon iPod quand César s'arrêta à mon niveau.

- Je peux ? Demanda t-il en désignant le siège à côté de moi.

L'essentiel des sièges autour de moi étaient vides. Je tentai de rester aimable et lui fis signe que oui. César déposa son sac dans le compartiment supérieur et prit place à mes côtés. Il me dévisagea un instant, hésitant.

- Je peux te poser une question ?

Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous avec leurs questions ? Margot m'avait fait le même coup et la discussion qui avait suivi n'avait rien eu d'agréable.

- Je ne vois pas l'intérêt de cette question, lâchai-je avec mauvaise humeur. « Je peux te poser une question ? », c'est déjà une question en soi non ?

César sembla se décider à entrer dans le vif du sujet.

- Est-ce que...c'est avec moi, que tu as un problème, ou il y a quelque chose qui ne va pas ?

Il ne me posa pas la question avec hostilité mais plutôt avec intérêt et inquiétude. Je n'avais pas de problème particulier avec César, exceptée son « affection » pour moi. Peut-être avais-je été trop dure avec lui...

- Non, je n'ai pas de problème avec toi, César, répondis-je.

- Ce n'est pas l'impression que j'ai eu, la dernière fois...

- Je n'étais pas particulièrement de bonne humeur, c'est vrai. Mais ce n'était pas contre toi.

- Alors, contre qui ? Demanda t-il avec un sourire engageant.

Je haussai les épaules et tournai mon regard vers la fenêtre.

- Tu as changé, continua César en murmurant presque. Tu n'es plus la même que ces dernières années.

- Je sais.

- C'est à cause de ton ex ?

Je crus un instant qu'il parlait de Yann, le seul que je considérais comme un « ex », avant de me souvenir qu'ils ne se connaissaient pas. Entendre César le designer ainsi me fit un choc.

- Il n'y a aucun problème entre nous et ça restera comme ça uniquement si tu ne me parles pas de...lui.

Il resta silencieux un instant, se contentant de me dévisager pensivement.

- Ça fait deux ans que je suis ton partenaire et je le serais encore pour une année au moins, reprit-il posément. Et je ne connais pas grand-chose de ta vie. Tu ne te confies jamais.

Je soupirai en m'empêchant de lever les yeux aux ciel.

- Je ne connais rien de ta vie non plus.

- Parce que tu ne t'y intéresses pas, déclara César avec un sourire désabusé.

Il m'aurait été difficile de le contredire. Je n'avais pas le souvenir de lui avoir posé ne serait-ce qu'une question d'ordre personnel. Je décidai donc que la réponse la plus appropriée serait le silence. Il le rompit rapidement.

- Alors que moi, ça m'intéresse. Tu m'intéresses.

- Je pense avoir compris. Tu m'as demandé à plusieurs reprises de sortir avec toi.

- Et tu as, à chaque fois, refusé, ajouta t-il en faisant la grimace. Pourquoi ?

Je l'observai un instant, amusée. Tellement de filles auraient sauté de joie en recevant une invitation de César que mes refus successifs devaient effectivement l'intriguer.