Mercredi 13 juillet 2016 /1

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J’avais beau être chaussée de mes bottines de randonnée, je faisais soigneusement attention où je posais les pieds. Après une petite heure de chemin pédestre parfaitement plat et balisé, nous venions d’entamer une section plus sauvage et plus caillouteuse. J’appréciais avec plaisir les alentours. Bien que je sois une citadine dans l’âme, j'avais toujours aimé me balader en pleine nature. Surtout quand la promenade était entrecoupée de portions plus sportives, comme maintenant. Cela semblait être moins le cas de Margot et Wendy, qui trainassaient à l’arrière du groupe, encouragées par leur conjoint respectif. Lorsque je me retournai pour vérifier où elles en étaient, je vis Margot répondre à une remarque probablement moqueuse de son mari en lui donnant un coup sur l’épaule.

-          Va voir ailleurs si j'y suis, s’agaça ma belle-sœur en faisant signe à Romain de rejoindre la tête du groupe.

Ce dernier s’exécuta en se marrant, entraînant David à sa suite.

-          Et nous attendez pas ! Ajouta Wendy.

-          Y a pas de danger, intervins-je, je voudrais être rentrée avant l’année prochaine !

Les deux filles me répondirent avec un beau tirage de langue. Je repris mon chemin en riant. Lorsque je relevai la tête, je croisai le regard de Dan. Il m'adressa un sourire suivi d'un clin d'œil coquin. Je replongeai vers mes chaussures.

Le matin, mon réveil avait été aussi difficile et…humide que la veille. Après avoir abandonné Dan sur le ponton, j’étais vivement rentrée au bungalow. J'avais prétexté être fatiguée et je m’étais enfermée dans ma petite chambre avec la ferme intention de ne pas en ressortir avant le lendemain.

Ce moment passé avec Dan m'avait mise en feu. Allongée sur mon lit, j'avais dû finir le boulot moi-même, imaginant ses doigts en moi et sa bouche sur la mienne. Je n’avais même pas essayé de penser à Matt ; j'avais bien compris qu’il ne me ferait malheureusement jamais autant d'effet que Dan. Quand j'avais atteint la délivrance, j'avais étouffé mes gémissements dans mon oreiller. Je ne m’étais jamais sentie aussi frustrée. Ces vacances allaient me tuer.

***

Nous marchions depuis déjà quelques heures et le soleil avait atteint son zénith depuis un petit moment. Alors que nous passions près d'une table de pique-nique, Jamie proposa de s'y arrêter pour casser la croûte. Je laissais tomber mon sac à dos dans l'herbe avec soulagement. Assise à même le sol, entourée de Martin et Jamie, je dégustai mon sandwich, préparé le matin même. Puis, déshydratée par la chaleur, je bus d'un trait ma canette de thé glacé, toujours fraîche grâce à ma petite thermo. Je me léchai distraitement les lèvres pour ne pas en perdre une goutte. C'est alors que je sentis une nouvelle fois le regard de Dan peser sur moi. Je lui jetai un petit coup d’œil et un frisson me parcourut immédiatement l’échine. Ce n’était pas le regard taquin, malicieux ou même coquin qu'il me lançait depuis trois jours. Non, ce regard là était on ne peut plus…explicite. Ses iris d'ordinaire dorées s’étaient assombries et il y brûlait une lueur de pur érotisme. Ses yeux étaient posés sur mes lèvres et ne les quittaient pas. Je n'osais imaginer le fil de ses pensées actuelles. J'étais certaine que j'y tenais le rôle principal et que je ne portais que très peu de vêtements. Ma gorge se noua et je serrais les cuisses pour réfréner mes envies. Dan leva enfin les yeux vers moi et il y ancra son regard, toujours aussi brûlant. Encore un peu et j'oubliais que nous n’étions pas seuls. Heureusement, la voix de Wendy nous fit tous les deux redescendre sur terre.

-          On y retourne ? Si je me refroidis davantage, il va falloir me porter.

-          Ou te réchauffer, dit David en l'enlaçant tendrement.

Canada Blues 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant