ＶＯＩＣＥＳ ʲᶤᵏᵒᵒᵏ

Chapitre 3

Il était plus de dix-huit heures, le soleil brillait sur Busan. L'Audi rouge roulait à travers les rues de la ville en direction du domicile des deux officiers. Jimin qui était installé sur le siège en cuir à l'arrière du véhicule, regardait défiler les paysages qu'il n'avait pas vus depuis sept ans. À l'avant, les deux policiers étaient tout aussi silencieux. Taehyung pianotait sur son écran de téléphone tandis que Jungkook avait le regard rivé sur la route.

— Où est-ce que vous m'emmenez ? demanda finalement Jimin.

— Chez nous, répondit Taehyung, ce qui provoqua un soupir de la part du conducteur.

Le passager avait bien compris que le commandant n'était pas vraiment emballé par cette idée et il devait avouer que lui non plus, n'était pas rassuré de devoir vivre dans la même maison que cet homme.

— Je peux aller ailleurs, proposa l'ancien patient.

— Tu as entendu Tae, il veut aller ailleurs, alors déposons-le dans un foyer, lança Jungkook.

— Toi, contente-toi de conduire, le réprimanda-t-il avant de se tourner vers le passager arrière. Tu as dit que tu n'avais nulle part où aller et nous devons te garder avec nous pour le moment.

— D'accord, soupira Jimin en reportant son regard vers la fenêtre.

Il pouvait entendre les chuchotements des deux hommes, enfin plutôt Jungkook qui tentait d'être discret pendant qu'il exprimait son mécontentement.

Ça va aller Min, je suis avec toi, fit une voix sur sa droite.

Le jeune homme tourna lentement la tête vers son meilleur ami, mais lorsque son regard croisa celui du commandant dans le rétroviseur central, il se ravisa. Jungkook le prenait pour un fou, alors il ne devait pas lui donner raison. Pour le moment, il devait tenter de gagner sa confiance, ou du moins, ne plus être la cible de ses attaques.

Le reste du trajet se passa dans le silence, enfin sauf pour Jimin. À côté de lui, Yoongi lui offrait un concert privé de toutes les chansons qui passaient à la radio. Comment faisait-il pour les connaître alors qu'il était mort depuis sept ans ? Elles passaient constamment à la radio et il les avait entendus un million de fois quand ils étaient enfermés à l'asile.

— Est-ce que tu pourrais la fermer s'il te plaît ? demanda-t-il en se tournant vers son meilleur ami qui était assis à côté de lui.

— Je te demande pardon ? fit Jungkook, offusqué.

Le garçon regarda à travers le rétroviseur et lorsqu'il croisa le regard noir du brun, il sentit son cœur louper un battement. Il avait complètement oublié la présence des deux hommes avec lui, tout ce qu'il entendait depuis presque trente minutes, c'était la voix de ce fantôme qui chantait à tue-tête dans ses oreilles.

— Non ! Ce n'est pas à vous que je parlais ! tenta de se justifier Jimin.

Il vit au regard confus du commandant que cette réponse était encore pire que s'il n'avait rien dit.

— Je parlais à...

Il s'interrompit et reporta son regard sur son meilleur ami qui était toujours assis à côté de lui.

— Oubliez ce que j'ai dit, ce n'est pas à vous que je parlais, se ravisa le plus jeune en tournant son visage vers la fenêtre.

Jungkook ne répondit rien, laissant de nouveau le silence s'installer dans l'habitacle jusqu'à ce qu'un téléphone se mette à sonner.

— C'est le mien, annonça-t-il en le sortant de la poche de sa veste.

— Donne-moi ça, tu conduis ! ordonna Taehyung en prenant le téléphone de ses mains