Chapitre 8 : Déjà-vu

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Je me réveille avant mon alarme. À vrai dire, je n'ai quasiment pas fermé l'œil de la nuit. Mon éternel cauchemar me l'interdit. Alors, pour me vider l'esprit, j'ai imaginé des tas de scénarios sur comment mon premier jour allait se dérouler. J'en suis arrivée à la conclusion que je me fais trop de souci.

En me levant, je jette un coup d'œil au lit vide de Maia. Elle est déjà partie et je ne l'ai même pas entendue se lever. J'ai comme l'impression qu'on ne se croisera pas souvent. D'après ce que j'ai vu hier, elle passe la plupart de son temps libre à la bibliothèque ou au café du coin. Elle déserte ouvertement notre chambre. Le point positif dans tout ça c'est que je pourrai y travailler sans être dérangée. La perspective d'être seule ne me dérange pas, loin de là. Au lycée je n'avais pas beaucoup d'amis alors j'imagine que ce sera la même chose ici.

Je m'habille de la façon la plus simple qui soit : un jean moulant, mon tee-shirt blanc à manches retroussées - que ma mère m'a acheté la semaine dernière - et ma paire de converse haute noire. Je veux me fondre dans la masse. Attirer l'attention est la dernière chose dont j'ai besoin. Je brosse mes cheveux jusqu'à ne plus rencontrer de résistance puis les attache en une queue de cheval. Dans le miroir, je vois une gamine de dix-huit ans complètement flippée à l'idée de commencer l'année. Pitoyable. Je rassemble tout mon courage, attrape mon sac et verrouille la porte.

À peine ai-je mis un pied hors de la résidence qu'un coup de tonnerre éclate. Puis, la pluie. Évidemment, je n'ai pas de parapluie. Ni de veste. Je reste plantée dehors comme une idiote à me demander ce que j'ai bien pu faire pour mériter ce sale temps le jour de la rentrée. La chance a tendance à me fuir. Je m'empresse d'aller m'abriter dans le bâtiment le plus proche - c'est à dire à l'opposé de l'endroit où je me trouve. Le temps que j'y parvienne, l'averse a cessé. La colère commence à m'envahir mais elle laisse aussitôt place à la panique. L'horloge tourne et je ne sais pas où se trouve la salle de mon premier cours. Je me rassure en me disant que j'ai étudié au préalable le plan du campus afin d'être sûre d'arriver à l'heure. Pourtant, ça ne m'empêche pas de me perdre. Les bâtiments se ressemblent tous et le flot d'étudiants m'empêche de m'y retrouver.

Je jure dans ma barbe en entendant la sonnerie annonçant le début des cours.

Super.

En retard le jour de la rentrée. Je n'avais pas imaginé cette possibilité hier soir dans mon lit, mais c'est la pire qui puisse m'arriver. Après avoir passé un quart-d'heure à courir dans tous les sens je trouve enfin la salle - grâce à l'indication d'un second année. Je respire un bon coup et ouvre la porte.

Tous les regards se braquent sur moi.

- Excusez-moi. Je... je me suis perdue.

Le professeur, M. Williams, m'observe à travers ses lunettes rondes.

- Et vous êtes ? demande-t-il.

- Abbigail Collins.

Ma voix tremble légèrement, j'espère qu'il ne l'a pas remarqué.

- Bien, Mademoiselle Collins, la prochaine fois pensez à prendre votre plan.

Ben voyons.

Il me fait signe d'aller m'asseoir. Je m'exécute précipitamment, un peu trop même, car je trébuche sur un livre qui traîne et dois me rattraper à une table. Le garçon qui y est assis pouffe.

Il ne manquait plus que ça.

Je m'installe au fond de la salle, tête baissée, esquivant les regards curieux. Être le centre de l'attention est une de mes plus grandes phobies et c'est exactement ce qui est en train de se produire. Je dois lutter pour ne pas faire une crise de panique.

À corps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant