Chapitre 51 : Oui ou non ?

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On dit que les choses arrivent toujours au moment où l'on s'y attend le moins. Eh bien, il semblerait que ce dicton soit véridique.

Peu après que Jared ait quitté la chambre, alors que j'ai le nez plongé dans ma lecture, Maia rentre précipitamment et claque la porte avec furie. Ensuite, elle reste debout pendant un moment ; immobile, contre la porte, l'air absent. Je remarque qu'elle est au bord des larmes.

- Maia... ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

Son regard trahit une souffrance et un chagrin prêts à détoner.

- C'est Dylan répond-t-elle d'une voix qui tremble un peu.

- Vous vous êtes disputés ?

Elle fait oui puis renifle bruyamment.

- Il m'a quittée.

C'était à prévoir.

Complètement désemparée, je referme mon livre et l'assois sur un des lits en gardant une main posée sur son bras. À présent, ses grands yeux bleus sont baignés de larmes.

- Je pensais que tout allait bien entre nous, sanglote-t-elle. J'aurais dû t'écouter, Abby. Désolée d'avoir douté de toi.

Je t'avais prévenue, ai-je envie de dire, mais je me contiens. Inutile de la fragiliser davantage.

- Où tu étais tout ce temps ?

- Eh ben, j'étais censée passer la nuit chez lui, mais... étant donné la situation, je suis repartie chez ma mère. Je n'avais pas le courage de retourner à la fac et risquer de le croiser, m'explique Maia puis, avec une soudaine nuance de dédain dans la voix, elle s'exclame : Quand j'y repense... Quelle conne j'ai été !

Elle laisse glisser sa tête sur mon épaule, et pleure pour de bon. Frappée par l'émotion qui continue de remuer en elle, je la serre dans mes bras.

- Ne dis pas ça. On fait tous des erreurs. Le principal est que tu t'en sois rendue compte.

Plus tôt aurait été préférable.

Elle essuie ses larmes et la morve qui lui coule du nez d'un geste vif.

- Excuse-moi de t'avoir parlé comme je l'ai fait. Ce n'était pas mérité. J'ai... j'ai pété un plomb, et je crois que je n'étais pas prête à accepter toute la vérité sur Dylan.

- C'est oublié, dis-je en la berçant gentiment. N'en parlons plus.

Je préfère passer l'éponge sur cette histoire. Le mal a été fait et plus aucun retour en arrière n'est possible. La seule chose à retenir, c'est qu'elle a de nouveau les pieds sur terre et l'esprit libre - sans parasite.

Cette nuit-là, les pleurs de Maia me maintiennent éveillée jusque tard dans la nuit.

***

- Tu es sûre que ça ne vous dérange pas ? Je ne veux surtout pas m'imposer.

- Mais non, allez, avance, dis-je en poussant Maia à l'intérieur du café-bar bondé.

Il était hors de question que je la laisse seule à la résidence. Après avoir passé la nuit entière et une bonne partie de la journée à épuiser des paquets de mouchoirs qui sentent la menthe fraîche, il m'a semblé urgent de la faire changer d'air. Le rendez-vous que je me suis fixée avec Aiden après les cours - initialement consacré à l'avancement du nouveau projet que nous a donné M. Williams - s'avère être parfait pour ma mission sauvetage.

Nous nous faufilons parmi les tables, où des étudiants ont leurs écouteurs fourrés dans les oreilles et tapent frénétiquement sur le clavier de leurs ordinateurs portables. Aiden est déjà au bar.

À corps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant