Chapitre 12 : Le rendez-vous

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- On se réveille !

La voix de Maia me tire de mon sommeil agité.

- Oh mon Dieu ! Quelle heure est-il ?

Je me redresse avec une telle brusquerie que la tête me tourne.

- Calme-toi. Il est à peine sept heures, s'esclaffe-t-elle en voyant la panique s'emparer de mon visage.

Très drôle.

Je me laisse retomber dans mon lit, reprenant doucement mes esprits. L'espace d'une seconde, j'ai bien cru que j'étais en retard. Le souvenir honteux de ma rentrée ne s'est pas totalement dissipé...

- Tu as passé un bon week-end ? demande Maia en s'étirant de tout son long.

- C'était... tranquille. Et toi ?

Les mots manquent pour décrire le revirement d'hier après-midi.

- Ennuyeux.

J'étouffe un rire devant son air dépité, puis me lève et file vers les douches collectives effectuer mes préparatifs du matin. C'est là un des inconvénients de la vie en résidence universitaire : les douches. Mais on s'y fait vite, enfin... presque. Après m'être brossée les dents, je m'asperge d'eau froide. En m'examinant dans la glace, je comprends que dompter mes cheveux est perdu d'avance, alors je les attache en une queue-de-cheval. J'enfile rapidement mon jean et mon pull en maille avant de retourner dans la chambre.

Lorsque j'entre, Maia est assise en tailleur sur son lit, le regard perdu dans ses pensées.

- Ça t'embête pas si je t'abandonne exceptionnellement ce midi ? me demande-t-elle soudainement.

Je lève un sourcil.

- Non, pourquoi ?

En vérité, ça tombe à pic. Je n'aurai pas à lui servir une excuse minable pour retrouver Jared. Jared. Rien qu'en pensant à lui, mon ventre se tord par une crampe.

- Un gars dans mon cours d'anglais m'a proposé de manger avec lui, jubile-t-elle.

- Oh, c'est super !

J'essaie de prendre un ton aussi réjouit que le sien.

- Oui ! Enfin... j'ai un peu peur, avoue-t-elle en se mordillant la lèvre.

- T'inquiète pas. Tu vas assurer.

Et je le pense sincèrement. Maia a tout pour plaire. Elle est drôle, jolie et a de la conversation. Beaucoup de conversation.

- Merci, copine.

Après l'avoir rassurée comme je peux - car je manque cruellement d'expérience en cette matière -, nous finissons de nous préparer en silence et partons vers nos cours respectifs.

***

Je suis aussi impatiente qu'effrayée lorsque je me dirige vers la cafétéria. Sera-t-il de mauvaise humeur, ou amical ? Je prie pour la deuxième option. Une partie de moi souhaite obtenir des explications à son attitude - plus que déstabilisante -, mais je me connais suffisamment bien pour savoir que je n'aurai pas ce courage.

La panique s'empare de moi lorsque mes yeux se posent avec un naturel déconcertant sur lui. Jared est déjà installé à une table vide, et me contemple avec un sourire moqueur. Voyant que je ne bouge pas, il lève la main et, de l'index, me fait signe de le rejoindre. J'obtempère sans trop réfléchir. Tout en m'asseyant prudemment sur la chaise située en face de lui, je le parcours rapidement des yeux. Il porte un tee-shirt à manche courte moulant. Trop moulant. De peur de me mettre à rougir comme une pivoine, je me concentre sur mes ongles.

À corps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant