Chapitre 43 : Crise de colère

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Le lendemain matin, mon temps de préparation habituel se multiplie par deux. Je change plusieurs fois de vêtements - soucieuse de mon apparence - et après une longue délibération, je décide même de laisser mes cheveux à l'air libre. Un exploit. Avant de prendre le chemin des cours, je jette un nouveau coup d'œil à mon reflet terne dans le miroir puis claque la porte de la chambre, résignée.

Le campus grouille de monde, alors je croise les doigts pour ne pas croiser Maia. Étant donné que celle-ci a déserté son lit, je ne lui ai encore rien raconté à propos d'hier après-midi et j'hésite à le faire un jour. Après tout, il n'y a rien de méchant à garder ça secret. D'ailleurs, c'est sûrement ce que Jared aimerait que je fasse. Que je garde le secret.

Alors que je suis sur le point d'entrer à l'intérieur du bâtiment principal, quelqu'un saisit ma main et me tire en arrière. Je sursaute puis pivote sur moi-même.

- Qu'est-ce que...

Je m'interromps en constatant que ce n'est que Jared.

- Ne pose pas de questions. Suis-moi.

C'est dans l'incompréhension la plus totale que j'obtempère. Toujours en aillant ma main recroquevillée dans la sienne, il m'emmène - me traîne, plutôt - dans un coin à l'abri des regards indiscrets. Je me retrouve coincée entre le tronc d'un arbre et le torse athlétique de Jared.

Son regard est féroce et je devine aisément pourquoi.

- Tu sais que tu es une très mauvaise menteuse ? Je suis au courant que Maia a passé la soirée chez Dylan. Pourquoi tu m'as menti ?

Oups.

- Heu...

Je panique. Creuse-toi les méninges, vite ! Mais Jared ne me laisse pas le temps de répondre car il colle furieusement sa bouche à la mienne. Ses bras m'emprisonnent, me rendant totalement à sa merci.

Qu'est-ce qu'il lui prend ?

- Jared...

Il ignore ma plainte et se met à embrasser mon cou avec brio, déclenchant mes frissons.

- Je dois... aller... en cours.

- Tu ne peux pas sécher ?

Plutôt mourir !

- Pas... possible, je réponds, le souffle court.

Il s'écarte, puis déverrouille son étreinte, me laissant enfin la possibilité de respirer normalement.

- Très bien. Dans ce cas, on en discutera à midi à la cafétéria.

Chancelante, j'arrive en littérature avec un quart d'heure de retard - si ce n'est plus. Je prends place discrètement au fond de la salle et échappe - miraculeusement - au regard de M. Williams.

- T'étais où ? me demande Aiden.

- Aux toilettes.

Il hoche brièvement la tête avant de reporter son attention sur sa feuille froissée.

Je suis si nerveuse à la perspective de retrouver Jared à l'heure du midi que je passe l'heure à échafauder des stratégies pour retarder ce moment où nous serons face à face, dans l'obligation de parler. Pour d'innombrables raisons, je m'acharne à penser qu'il est dans notre intérêt (à tous les deux) d'en rester là où nous en sommes actuellement, ce qui fait de moi une bêtasse égocentrique qui plus est sans-cœur. J'en suis pleinement consciente. Mais comment éviter l'inévitable ? Soyons réalistes, Jared ne lâchera pas l'affaire - ni même moi - avant d'avoir obtenu ce qu'il souhaite, quitte à occasionner quelques dommages collatéraux.

À corps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant