Chapitre 38 : Jalousie

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La sonnerie de mon téléphone - m'indiquant l'arrivée d'un SMS - me tire de mon sommeil, inhabituellement paisible et profond. Je cligne des yeux, éblouie par le soleil qui illumine la chambre, puis glisse mes doigts vers la table de nuit où est posé mon portable. Qui donc peut bien m'écrire aussi tôt pendant les vacances de Noël ? Maia, peut-être ? Je fronce les sourcils en voyant le numéro inconnu s'afficher sur mon écran. Étrange. Néanmoins, je clique dessus.

Tu as quelque chose de prévu aujourd'hui ?

J'ouvre grand les yeux. Ce message ne m'est pas destiné, il doit forcément s'agir d'une erreur.

Je crois que vous vous êtes trompé de numéro.

Une réponse me parvient aussitôt.

Je ne pense pas. C'est Jared.

Je me redresse d'un coup, sidérée. La première chose qui me vient à l'esprit c'est :

Il a toujours mon numéro !

Et la seconde :

Mais pas moi. Merde.

Vraiment désolée. Je pensais ne jamais te revoir.

J'ai l'impression d'être une garce en lui sortant cette excuse qui, en plus d'être totalement nulle et bidon, est fausse. La vérité est simple, j'ai supprimé son numéro de téléphone en pensant que cela m'aiderait à l'oublier, ainsi que mes désastreuses vacances en Floride. Bien entendu, aucun des deux n'a marché.

Résultat, j'attends sa réponse en me mordillant la lèvre. Mon portable reste muet un moment, avant de vibrer enfin. Je me jette dessus, impatiente de lire le message.

C'est compréhensible.

Aïe. Je suis certaine de l'avoir vexé, alors je tente de rattraper le coup :

Pour répondre à ta question : non, je n'ai rien de prévu.

Parfait. J'ai très envie de te voir.

Je reste figée, relisant plusieurs fois le message pour vérifier que mes yeux ne me jouent pas un mauvais tour. Mon cœur bat fort et vite. Je ne peux pas m'empêcher de sourire, à tel point que les muscles de mon visage me font mal. Il a envie de me voir. Moi, Abby Collins.

J'en ai très envie aussi.

J'appuie sur « envoyer » avant de me mettre à douter, voire changer d'avis, et il me répond dans la seconde qui suit.

Rdv devant la cafétéria dans 30 minutes.

Il ne m'en faut pas plus pour me sortir du lit. Ni une ni deux, je m'empare d'un pull et d'un jean dans mon armoire, les enfile puis tresse mes cheveux, les mains tremblantes.

Je ne parviens pas à rester calme, à me concentrer. Je suis beaucoup trop excitée à l'idée de passer du temps avec Jared - peu importe l'endroit où il a prévu de m'emmener.

C'est ridicule.

Et pourtant... je n'ai plus envie de fuir. De le fuir. La conversation que nous avons eu la veille est reste ancrée dans mon esprit et continue d'accaparer la moindre de mes pensées. La sincérité dont il a fait preuve m'a touchée et troublée, aussi. Mais dans le bon sens. Je ne le pensais pas capable d'un tel acte, surtout envers moi. À présent, je n'espère plus qu'une seule chose : que ce « rencard » - si c'en est un - se déroule aussi bien que le précédent.

Tu dérailles, ma pauvre.

Définitivement.

C'est juste une sortie qui a pour but de lier une amitié saine entre nous. Et rien d'autre. Il est urgent que je freine mes ardeurs et me rappelle qu'il me considère uniquement et simplement comme une amie. Point barre.

À corps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant