Chapitre 46 : Un sacré pétrin

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Après un week-end aussi mouvementé, je suis ravie de retourner en cours et, ainsi, de m'occuper l'esprit pour éviter de penser au fait qu'un prétendu violeur traîne quelque part dans les couloirs de Stanford. Néanmoins, plusieurs questions me travaillent. Qui est sa victime ? Est-elle encore ici, ou a-t-elle pris la fuite le plus loin possible de son agresseur ?

La voix forte de M. Williams me tire de mes songes.

- Je tiens à féliciter Mlle Collins pour son devoir qui est l'unique personne à avoir parfaitement bien expliqué que la passion amoureuse conduit à l'ignorance de soi, aux conflits, et que seule la vertu garantit une sécurité heureuse. Bon travail.

Ça alors ! Je deviens rouge comme une pivoine, guère habituée aux éloges - surtout venant de ce professeur. Celui-ci attrape la pile de copies entassée sur son bureau puis en fait circuler une partie entre les rangs.

- Bravo, Abby, me félicite Aiden. Tu as réussi à gagner l'estime de M. Williams, ce n'est pas rien.

Je hausse les épaules, un peu gênée.

- Ça, ça m'étonnerait. Pas sûr qu'il ferme les yeux sur mes retards.

- Tu es trop modeste, me taquine-t-il. Profite de ce moment de gloire.

Je ris doucement.

Aiden, quant à lui, obtient une note passable et ne se prive pas d'exprimer tout haut sa joie. M. Williams finit de rendre les devoirs à tous les étudiants - non sans quelques commentaires pouvant frôler l'acerbité - puis nous libère.

J'erre tranquillement dans le couloir que je traverse habituellement, mes livres coincés sous les bras, lorsque je vois Jared et Evan debout, adossés contre les casiers. Que font-ils ensemble ? Je ralentis le pas, hésitant à dévier ma route ou à carrément faire demi-tour. Finalement, je ne me dégonfle pas et garde la tête haute tout en m'approchant d'eux.

- Hé ! lance Evan, une cigarette à moitié consumée entre ses doigts.

Je ne réponds pas, occupée à fixer Jared du regard, essayant en vain de comprendre ce qu'il fabrique, mais il est fuyant - comme s'il était conscient d'avoir fait une bêtise. Il me cache quelque chose, j'en mets ma main à couper. Evan recrache une bouffée de tabac, puis déclare :

- J'organise une soirée privée ce soir pour fêter mon retour à Stanford. Tu es invitée. Considère ça comme un privilège.

La tournure de son invitation ne me surprend pas plus que la réaction qu'elle engendre chez Jared. Du coin de l'œil, je remarque que celui-ci enfonce les poings dans ses poches. Même s'il reste silencieux, je devine qu'il n'espère qu'une seule chose : que je décline.

- J'y serai, je réponds simplement.

Cette fois, il me regarde droit dans les yeux et, à en juger par l'expression sur son visage, il est mécontent. Que dis-je, furieux !

- Tu as entendu, Jared ? ricane Evan, jubilant. Elle sera là.

Je tourne hâtivement les talons, poursuivant ma route sans regarder en arrière.

***

- J'ai fait une énorme bêtise, dis-je à Maia en entrant dans notre chambre.

- Viens t'asseoir et dis-moi tout !

Je lâche mon sac par terre et m'installe à côté d'elle sur son lit.

- Evan, l'ancien coloc de Jared qui est finalement de retour, m'a invitée à une soirée, je m'empresse de lui raconter.

- Et... ?

- Et j'ai accepté.

Maia ouvre des yeux ronds.

- En effet, dit-elle en se levant d'un bond, on peut dire que tu t'es mise dans un sacré pétrin !

- Merci pour le soutien, Maia, je grogne.

Elle garde le silence un moment puis se plante devant moi, les mains sur les hanches.

- Qu'est-ce qui t'a pris d'accepter, hein ?

Je hausse les épaules, me triturant fébrilement les doigts. Que dire si ce n'est que j'ai agis sur un coup de tête, encore.

- J'en sais rien... j'ai l'impression que Jared me cache des choses.

- Et tu penses qu'aller à cette soirée va t'aider à y voir plus clair ?

- Peut-être ?

Je n'en sais foutrement rien.

Elle soupire avant de secouer la tête.

- Je te l'ai dit, il n'est pas net. Ne serait-ce que pour avoir déjà traîné avec Evan.

- Qu'est-ce que tu sais de lui ? je la questionne, intéressée.

Maia réfléchit quelques instants puis dit :

- À propos d'Evan ? Pas grand-chose. À part que son ego est surdimensionné et qu'il a une case en moins. Il y a une rumeur qui a circulé sur lui l'année dernière, mais tout porte à croire que ça a été inventé. Le seul conseil que je peux te donner, c'est d'annuler. Les soirées avec ce type ne sont pas réputées pour bien se terminer.

Je déglutis, la gorge sèche. Dans quoi me suis-je encore fourrée ? Seul l'avenir me le dira.

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