Sitôt dehors, Jared me rattrape à petites foulées. Lorsqu'il est suffisamment proche, il me prend par le bras, mais je me dégage sèchement.
- J'avais bu, d'accord ? se défend-t-il. On était là et... et ouais, on s'est embrassés. Mais ça ne voulait rien dire, tu dois me croire.
Il cherche désespérément mon regard mais je le fuis comme la peste.
- Épargne-moi les détails, je t'en conjure.
Je contiens mes larmes, refusant de lui offrir le plaisir de me voir émotive.
C'était juste un bisou, me répète ma conscience. Juste un petit bisou de rien du tout. Pourtant, je peine à y croire. J'ai été naïve de penser qu'il s'était détaché de Zoey. Il a bien joué, très bien joué.
- Toutes ces choses que tu m'as dites... tu les pensais ? je demande, les lèvres pincées. Ou c'était juste du vent ?
- Bien sûr que je les pensais ! s'indigne-t-il. Je n'ai jamais été autant sincère qu'avec toi.
J'éclate de rire pour camoufler ma douleur.
- Arrête un peu. Tu m'as menti droit dans les yeux, et ça n'a pas eu l'air de te déranger jusqu'ici.
- J'ai merdé comme pas possible, c'est vrai, mais je te jure que je le regrette.
J'inspire profondément pour me calmer. Reste. Calme.
- Si tu as encore des sentiments pour elle, je... je peux comprendre. Mais j'aimerais que tu me le dises.
- Bordel, combien de fois il va falloir que je te le répète ? Je me fous de Zoey. C'est toi qui m'importes. Uniquement toi.
Je fais un pas en arrière, interdite.
- Comment veux-tu que je croie à ton histoire alors qu'il y a un peu moins d'une semaine, tu avais ta langue dans sa bouche ! j'explose. Ma réaction est tout à fait légitime. Tu pourrais te montrer un peu plus compréhensif.
Il baisse la tête, puis pousse un long soupir.
- Je suis désolé. Je ne voulais pas te blesser.
- Je ne veux pas d'excuses.
- Alors qu'est-ce que tu veux ?
Je hausse les épaules avant de répondre, les yeux cloués au sol :
- C'est bien ça le problème. Je ne sais pas ce que je veux. Tu te comportes comme un abruti de première et je suis la pauvre fille qui te pardonne toujours tout. Je devrais te repousser, mais je ne le fais pas parce que je sais que je m'en voudrais à mort et que j'aurais peur de te perdre.
- Abby Collins, tu es la personne la plus déconcertante que je connaisse.
Et toi le plus grand de tous les abrutis.
Néanmoins, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. Je perds toute obstination quand il s'agit de Jared. Je suis vouée à être dénuée de force en sa présence.
- Approche, dit-il d'une voix douce, trop douce pour être ignorée.
Renonçant à ma colère, j'obtempère. Ce sont un peu les montagnes russes. Un jour tout est rose, le suivant c'est totalement l'inverse. Trop d'incohérences et d'ambiguïté voltigent autour de nous. Il y a de quoi perdre la tête - si ce n'est pas déjà fait.
- Pourquoi faut-il que ce soit autant compliqué ? je murmure.
Jared passe une main chaude derrière ma nuque et m'attire à lui.
- Regarde-moi, souffle-t-il. Je ne laisserai jamais rien, ni personne se mettre entre nous, d'accord ? Je t'en fais la promesse. Mais j'ai besoin de savoir que tu le veux aussi.
Ses yeux n'expriment qu'incertitude et remords, et cela ne fait qu'amplifier ma peine.
- Je veux la même chose que toi, seulement...
- Seulement... ?
Je me mords l'intérieur de la joue.
- Ne recommence plus.
- Tu as ma parole.
Il dépose un baiser sur mon crâne, caresse mes cheveux et me serre fort contre lui.
- Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, si tu me laissais.
La vulnérabilité présente dans sa voix me fait tressaillir. Mon cœur s'arrête, puis repart.
- Ça n'arrivera pas, Jared.
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À corps perdu
RomanceAbbigail, dix-huit ans, discrète et peu sûre d'elle, retourne comme chaque été en vacances chez sa tante. Mais ces quelques jours passés sous le soleil écrasant de Floride vont chambouler son existence qui, jusqu'à présent, lui a toujours semblé vul...