Chapitre 11 : Oh boy !

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Le week-end se déroule sans complications. Je me lève tôt, encore calée sur le rythme de la semaine. J'en profite pour m'avancer dans mes devoirs et rédiger un long mail à ma mère. Depuis mon arrivée à Stanford, je n'ai quasiment pas donné de nouvelles à mes parents. J'espérais que les appels avec Eïleen suffiraient à les rassurer, mais ma mère n'est pas de cet avis.

Dimanche après-midi, je me sens envahie par un profond sentiment de solitude, que l'absence de Maia n'arrange pas. Rester enfermée dans la chambre devient presque inconfortable, alors je finis par attraper ma veste en jean et me ruer dehors. En faisant le tour du campus, je passe devant un café - auquel je n'ai jamais prêté attention - et constate avec joie qu'il est à moitié vide. Prendre un bon café au calme me semble être une formidable idée.

Lorsque j'entre, je faillis m'enfuir. Jared est affalé sur un des fauteuils en cuir, entouré de ses amis. Je le reconnais à son éternelle chevelure brune désordonnée. Il n'a pas l'air d'avoir remarqué mon arrivée. Néanmoins, je reste pétrifiée sur place, le détaillant des yeux. Il discute avec animation, si bien que j'ai du mal à reconnaître la personne qui a - et continue probablement - à éprouver de la haine à mon égard. L'instant où j'envisage de repartir, nos regards se croisent. Contrairement à notre dernière rencontre, il semble cordial. Soudain, je suis perdue. Intriguée par ce changement d'humeur, je ne prends pas conscience qu'il se lève et se dirige vers moi.

- Tu aimes me fuir, pas vrai ?

Je reste perplexe devant sa question. N'empêche qu'il n'a pas tort. J'ai tendance à fuir lorsque nous nous retrouvons seuls, face à face. Il passe sa main dans ses cheveux, les ébouriffant davantage. Je ne m'habituerai jamais à son visage éblouissant.

- On s'est embrassés, dit-il simplement.

Ces mots déclenchent des petits soubresauts dans mon ventre. Il attend que je réagisse. Malheureusement, je ne trouve rien de constructif à dire.

- Et ?

- Tu regrettes ?

Il me prend au dépourvu. J'avale ma salive.

- T'es sérieux ?

- Je suis très sérieux, répond-t-il, dérouté par ma question.

- Je ne regrette jamais rien, je siffle, agacée par cet interrogatoire.

- Nous voilà bien avancés.

Un léger sourire étire ses lèvres sans défaut. Ma réponse a l'air de le satisfaire.

- Ta petite amie est au courant ? finis-je par lâcher.

Son visage se ferme aussitôt. Je regrette presque d'avoir mentionné Zoey.

- Non. Elle n'a pas besoin d'être au courant.

Évidemment. Pourquoi le saurait-t-elle ? Ça risquerait de le compromettre, lui et son couple. Il regrette de m'avoir embrassé - il n'y a pas d'autre explication possible. Quelle idiote je fais. Je serre ma mâchoire, tâchant de retenir les accusations complètement délirantes que j'ai envie de lui cracher à la figure. Ensuite, je file vers la sortie, enfin décidée à m'en aller pour de bon.

- Je te verrai demain. À la cafeteria, ajoute-t-il en haussant suffisamment le ton pour que je l'entende.

Je fais volte-face et vois une étincelle malicieuse traverser ses yeux. Chancelante, je trouve tout de même la force d'ouvrir la porte et de me glisser hors du café. Une fois dehors, je relâche mon souffle. J'avoue que j'ai beaucoup de mal à le suivre. Quelques jours auparavant, il était prêt à me tuer, et aujourd'hui, il est gentil. Ça me tue de devoir l'admettre, mais peu importe à quel Jared j'aurai affaire, j'ai envie de le voir.

Demain me fait atrocement peur.

À corps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant