Chapitre 54 : Rencontre officielle

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Une demi-heure plus tard, Jared se range derrière une Cadillac de couleur platine. Certainement la voiture de ses parents.

Le ventre noué, je prends conscience que je suis totalement dépassée par la situation. Je. Vais. Rencontrer. Ses. Parents. Adoptifs. Qui l'eût cru ? Je me pince l'intérieur de la cuisse pour vérifier que je ne suis pas coincée dans un de ces rêves beaucoup trop réalistes. Malheureusement, non.

Jared coupe le moteur. Je lui jette un coup d'œil angoissé. Il me sourit avec douceur, mais ça ne suffit pas à calmer mon agitation. D'où lui est venu cette soudaine idée ? Est-ce que cela signifie qu'il me considère comme sa... petite amie ?

Pas d'étiquette, on a dit.

Je remue nerveusement sur mon siège et me mets à triturer le bout de mes doigts.

- Je ne suis pas sûre que...

- Ne fais pas l'enfant, m'interrompt-il en sautant hors du pick-up. Ils sont très gentils, tu vas voir.

À contrecœur, je descends lentement de la voiture. Une rangée de maisons victoriennes multicolores sur trois étages - typiques de San Francisco - se dresse devant mes yeux admiratifs. C'est la première fois que j'en vois pour de vrai.

Je suis Jared dans l'allée et sous l'arche d'une des maisons - la jaune - avant de passer la porte d'entrée. Contrairement à l'extérieur, l'intérieur est épuré, très minimaliste, où le blanc règne.

- Jared, c'est toi ? appelle une voix féminine.

L'envie de me terrer dans un coin revient à la charge.

- Oui, je suis là !

Une femme d'environ la quarantaine, aux lèvres parfaitement maquillées, apparaît dans l'entrée tout en longueur. Elle s'arrête, d'abord surprise par ma présence, puis un grand sourire apparaît sur son visage ovale.

- Alors voilà la fameuse Abby ! s'exclame-t-elle. Ravie de te rencontrer.

Je souris poliment, un peu étonnée par la chaleur de son accueil alors même que nous ne nous sommes jamais vues.

- Ravie de vous rencontrer aussi, Mme Parks, j'articule.

- Oh, je t'en prie, appelle-moi Vivien.

Ses longs cheveux auburn soulignent ses magnifiques yeux verts. Jared n'a rien en commun avec elle. Évidemment. Celui-ci l'embrasse sur la joue puis demande :

- Papa n'est pas encore rentré ?

- Il ne va pas tarder. Il doit probablement être en train de se dégoter une nouvelle pièce au garage moto, soupire sa mère en roulant des yeux avant de disparaître dans la cuisine.

- Mon père est fan des deux-roues à moteur, me chuchote Jared à l'oreille.

Fut un temps où le mien partageait aussi cette même passion - avant d'y mettre subitement un terme.

- Est-ce que tu as faim, Abby ? me propose Vivien en revenant avec une assiette de cookies. Ils sortent tout juste du four.

- Elle a déjà mangé, maman, intervient Jared en retirant mon sac de mes épaules et en le déposant au pied de l'escalier en bois. On va en haut.

Il me fait passer devant lui et me guide à l'étage vers une porte au bout du couloir.

- C'est là, m'indique-t-il. Mon espace à moi.

Il repasse devant moi pour l'ouvrir puis nous pénétrons dans une grande chambre meublée d'un lit double, d'un téléviseur à écran plat et, contre toute attente, d'étagères remplies de livres. Je m'en approche, curieuse de connaître la teneur de tous ces ouvrages.

À corps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant