Chapitre 24 : Mauvais rêve

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Le souffle court, suffocant presque, je cherche une bouffée d'air.

Inspirer, expirer.

Je répète l'exercice une dizaine de fois - pour chasser de mon esprit les images de mon agresseur -, avant de retrouver un rythme cardiaque normal. Après ça, je me tourne, et retourne dans mon lit, cherchant à tout prix le sommeil qui ne vient plus. Sans bouger, j'ouvre lentement mes paupières et tente de percer l'obscurité. Peu à peu, mes yeux s'accoutument et c'est alors que je remarque que le lit de Maia est vide.

Je me demande bien quelle heure il est. Le réveil indique vingt-trois heures. Qu'est-ce qu'elle fabrique ? Nous avons cours demain, ça ne lui ressemble pas de rentrer aussi tard. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de grave... Pour en être certaine, j'attrape mon portable et lui envoie un message. Dans la minute qui suit, je reçois une réponse me disant de ne pas l'attendre car elle est encore avec Dylan. Je soupire. Quoi qu'il en soit, je ne parviendrai pas à me rendormir. Surtout pas en étant seule.

C'était juste un cauchemar, rien de plus.

Je ferme mes yeux et me force à penser à autre chose. Mais je n'arrive pas à m'en défaire. Les battements affolés de mon cœur et la douleur dans mon ventre m'empêchent d'oublier à quel point je suis terrifiée. Sans réfléchir, je me lève d'un coup, enfile mes tongs et sors de la chambre.

J'erre un moment dans les couloirs, sans trop savoir où je vais. Enfin, si. Je sais parfaitement vers quelle chambre mes pieds me conduisent. C'est l'unique que je connaisse dans cette résidence universitaire - sans compter la mienne. Je ne sais pas ce qui me pousse à venir me réfugier dans sa chambre, seulement, je désire tellement sa compagnie. Mes doigts tremblotent mais je parviens tout de même à regrouper la force suffisante pour frapper à sa porte.

Quand Jared ouvre, mon cœur se met à marteler mes côtes. Il porte les mêmes vêtements que ce matin, et ses cheveux sont en bataille. C'est alors que je prends conscience de la tenue que je porte : un short de pyjama léger avec un débardeur blanc - sans soutien-gorge. Il baisse les yeux sur mes jambes dénudées et effleure ma poitrine du regard. Je peux jurer avoir perçu du désir dans ses yeux. À moins que je ne sois en train d'halluciner. Probable.

Je déglutis péniblement avant de dire :

- Je... j'ai fait un cauchemar. Maia n'est pas encore rentrée et... impossible de me rendormir toute seule.

Il reste là à me contempler, comme s'il était en train de délibérer dans sa tête, puis sa mine se durcit.

- Tu ne devrais pas prendre l'habitude de venir toquer à ma porte.

Vrai !

- Et pourquoi pas ?

Il ricane.

- Parce que tu risques de le regretter.

Ce garçon va me tuer, c'est sûr.

- C'est un risque que je suis prête à prendre. Tu es mon ami, ou pas ?

Je sais très bien que je ne le considère pas comme tel mais il y a une chance pour que lui si. Retenant mon souffle, pleine d'espoir, je prie pour qu'il prononce les mots que je souhaite entendre.

- Entre.

Je ferme les yeux de soulagement et obéis sans plus attendre. En entrant, je découvre une dizaine de cartons qui jonchent sur le sol, rendant la pièce difficilement praticable. On croirait que quelqu'un vient tout juste d'emménager. Ou s'apprête à déménager.

À corps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant