Chapitre 2 : Magnétisme

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   La sonnerie de mon portable m'arrache de mon sommeil dans un bruit à faire saigner les tympans. Je maugrée contre la personne qui a osée me réveiller. J'essaye d'ouvrir mes yeux, mais ils sont tous collés. À peine me suis-je redressée de mon lit que je grimace de douleur. J'ai l'impression d'avoir une bombe à retardement à la place de mon crâne, c'est insoutenable. Par chance, mon portable se trouve sur la table de nuit. Je tends le bras et décroche d'une main tremblante.

– Abby ? Ça y est, t'es réveillée ? Tu te sens mieux ? Tu nous as fait une de ces peurs hier !

L'excitation de Ava est palpable mais, Dieu, je la hais à ce moment précis de m'avoir réveillé.

– Hum, je grogne, la tête enfouie dans l'oreiller.

Ma gorge est sèche, ma bouche pâteuse et ma peau moite. Le pire combo possible.

– Je t'attends au café, Ab ! Tu sais quelle heure il est ?

– Non... mais j'ai horriblement mal à la tête, Ava, gémis-je en me massant tant bien que mal les tempes.

Je l'entends soupirer à l'autre bout du fil.

– Il est treize heures, Abby. Alors, bouge ton p'tit cul et rejoins-moi dans une demi-heure au Beach Hut Cafe. Ah... et pour ta tête, tu n'as qu'à boire de l'eau, beaucoup d'eau.

Sur ce, elle raccroche sans que je puisse lui répondre quoi que ce soit. La journée va être cauchemardesque, aucun doute là-dessus.

Je mets près d'un quart d'heure à me sortir du lit, constamment refoulée par l'extrême fatigue qui me submerge. Lorsque je parviens à me lever avec succès, je m'empresse d'aller sous la douche afin de retirer la crasse d'hier soir. L'eau froide me fait un bien fou et apaise mes maux de tête sans pour autant les dissiper complètement. Tout en démêlant mes cheveux mouillés, j'examine mon visage dans le miroir. J'ai mauvaise mine. Des cernes sombres, à la limite du violacé, marquent mes yeux gonflés et mon teint est terne. Écœurée par mon propre reflet, je retourne dans ma chambre pour m'habiller. J'enfile les premiers vêtements sur lesquels je tombe, trop épuisée pour réfléchir à une tenue. Kristen n'est pas à la maison, à mon plus grand soulagement – elle doit être sortie faire des courses. J'évite ainsi les questions déroutantes auxquelles je n'aurais pas été capable de répondre, car j'ignore quand et comment je suis rentrée. La seule chose dont je suis absolument certaine, c'est que je ne toucherai plus à une goutte d'alcool avant quelques temps.

Comme me l'a conseillé Ava, je bois autant d'eau que je le peux jusqu'à avoir le ventre gonflé et avale un comprimé.

Le chemin jusqu'au café où m'attend Ava me permet d'émerger tranquillement, sans personne pour m'embêter. C'est plaisant.

J'entre dans le café. Ava est assise à notre table habituelle, concentrée sur ses ongles.

– Franchement, Ab, s'exaspère-t-elle en me voyant arriver, tu aurais pu me prévenir que tu aurais une heure de retard !

– Désolée, dis-je d'un ton las en m'asseyant en face d'elle.

– « Désolée » ? C'est tout ce que tu as à dire pour ta défense ?

Je lève les yeux au ciel. Ava en fait trop, et puis je n'ai ni la force ni l'envie de me morfondre dans une multitude d'excuses. À ce moment, une serveuse arrive avec nos cafés et, pour ma plus grande joie, efface toute trace d'énervement sur le visage d'Ava. Tout comme moi, elle est en manque de caféine ! Malgré tout, elle garde le silence. Pourtant je sens qu'elle meurt d'envie de se lancer dans un récit digne d'un roman mais sa « foutue fierté », comme elle l'appelle, l'en empêche.

À corps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant