Chapitre 45 : L'abuseur

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- Non ! Lâche-moi !

Je me réveille en sursaut, secouée par la puissance de mon cri. Mon corps tremble sous l'effet de la peur.

- Calme-toi, Abby. Je suis là.

Jared a toujours ses bras autour de ma taille. Une moue soucieuse est visible sur son visage d'ange.

- Il... il était là, je sanglote en regardant autour de moi.

- Qui ça ?

Il me fait pivoter vers lui puis essuie mes larmes du pouce.

- Tu veux m'en parler ? propose-t-il en me caressant doucement les cheveux.

Je secoue la tête en signe de refus et me serre contre son torse. Il se laisse faire, à mon plus grand bonheur.

- Non, je veux oublier.

Les larmes dévalent sur mes joues, inondant ma figure. Je n'essaye même pas de les retenir.

- Mais tu n'y arrives pas, devine-t-il. Il revient toujours te hanter. Pas vrai ?

Je m'écarte puis me décale sur le côté du lit, mais Jared me suit et enveloppe tendrement mon visage dans ses mains pour me forcer à le regarder dans les yeux. Je n'ose même pas imaginer l'état de ma tête.

- Quelques fois, parler aide. Même si ça signifie qu'il faut rouvrir de vieilles blessures.

- Je ne veux pas t'embêter avec mes problèmes. Je suis capable d'encaisser seule.

- Vraiment ? Parce que ce n'est pas l'impression que tu donnes.

Il a raison. Ce qui me donne encore plus envie de lui échapper, de fuir, mais il me retient.

- Je sais ce que j'ai vu à la plage, ce soir-là, continue-t-il le regard sombre. Je ne suis pas près de l'oublier non plus. Tu peux te confier à moi, Abby.

Mon cœur se serre, touché par l'intonation de sa voix. Il m'observe en silence et j'ai le sentiment qu'il me dit que je n'ai pas à me sentir honteuse pour ce qui est arrivé, que rien de tout ça n'est ma faute. Mes yeux s'humidifient à nouveau.

- Il était ivre, je murmure. Il ne s'en souvient sûrement pas.

- Ça n'excuse en rien ce qu'il t'a fait. Tu ne peux pas le laisser s'en tirer aussi facilement.

Je souffle, la respiration chancelante.

- Je connais Jesse, ce n'est pas une mauvaise personne

Jared relâche ses mains autour de mon visage et me dévisage sévèrement.

- J'y crois pas... ce salopard a tenté de te violer et tu lui cherches encore des excuses ! s'exclame-t-il, scandalisé. Tu es pas croyable !

Il a raison, encore. Je laisse échapper un sanglot étouffé. C'est vrai, je déteste Jesse. Je le déteste, tellement. Alors pourquoi je continue à défendre l'indéfendable ? Parce que je suis incapable de faire preuve de courage et de me libérer du poids que je porte depuis cet été. Voilà pourquoi.

- Abby, commence maladroitement Jared, sans savoir manifestement comment continuer.

Mais il a déjà tout dit. Il me prend la main et la serre avant de poursuivre simplement :

- Je suis désolé.

Je lui lance un petit sourire forcé puis me blottis contre son épaule. Son odeur et sa chaleur me calment de façon spectaculaire. Il m'enveloppe dans ma couette et me berce jusqu'à ce que je trouve la force de me rendormir.

À corps perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant