Ethan en avait assez de sa longue, très longue, trop longue journée. D'abord la tentative de meurtre au couteau le matin, puis les révélations de monsieur Deschamps l'après-midi, engendrant un chaos indescriptible sous son crâne, chaos qui avait failli déborder et éclabousser tout le monde.
Ce n'était tout de même pas de sa faute s'il avait dû hausser le ton sur une infirmière qui fumait sa cigarette en promenant un patient sur une chaise roulante ! Qu'elle consomme sa drogue dans son coin, pas devant ceux pour qui elle devait représenter l'ordre et la discipline ! Non mais franchement, quel culot !
Ethan n'avait qu'une seule hâte : retrouver Clair et lui faire l'amour sauvagement. A lui en décrocher les cordes vocales. Ce petit souillon d'Alix l'avait trop titillé pendant sa visite, puis dans sa lettre. Le psychiatre ne savait plus trop quoi penser. Coucher avec un patient pourquoi pas, il l'avait déjà fait avec Clair, cela ne lui posait pas le moindre problème.
Mais coucher avec ce sauvage qui confondait très certainement amour et désir, très peu pour lui, il choisissait avec attention la personne qui partageait sa vie.
Et puis il y avait eu l'appel de Jessica. Le médecin se rappellerait toute sa vie du jour où, par esprit de vengeance, celle qui n'était qu'une adolescente à l'époque lui avait brûlé le visage à l'acide. Il avait quatorze ans, elle seize, et ils venaient de rentrer au lycée. Ethan avait sciemment menti en disant à Patrick Leroy qu'il ne connaissait pas la personne qui lui avait infligé cette défiguration somme toute méritée.
Pour être plus exact, le fils avait dit au père que son agresseur était un homme encagoulé. Patrick porta plainte contre X, mais personne ne fut arrêté. Cela arrangeait Ethan, qui avait ses propres plans de contre-attaque en tête.
Finalement, il ne les avait jamais mis en place, car il avait fini par se dire qu'au fond, il l'avait un peu cherché. Il avait aujourd'hui une situation financière et sociale plus stable qu'elle ne l'avait jamais été, et il jugeait qu'il n'avait pas à se plaindre.
Jessica l'avait contacté pour savoir s'il restait des places en tant qu'infirmière dans le complexe hospitalier Sainte Marie. Sa demande tombait à pic : il y avait deux postes à pourvoir. Il le lui annonça fièrement, et prépara une lettre de recommandation pour l'hôpital, afin d'appuyer la demande de la jeune trentenaire. Voilà une bonne chose de faite.
Ethan se demandait cependant la raison qui avait poussé son amie -ou ennemie, il n'était pas encore décidé- à revenir à Sainte Haelen, alors qu'elle vivait sa vie à l'autre bout du pays. Elle devait très certainement avoir ses raisons, mais le psychiatre ne voyait vraiment pas lesquelles.
Il gara sa voiture devant chez lui, ouvrit la porte d'entrée de sa maison, et sentit immédiatement une odeur délicieuse. Clair avait sans doute commandé un bon repas, quoiqu'il fût un peu tôt pour diner. Ce n'était pas bien grave, l'intention était présente.
Il passa d'abord par la salle de bain après avoir accroché sa veste dans l'entrée, et se lava précautionneusement le visage, comme il le faisait tous les jours. Clair n'était pour une fois pas dans cette pièce. En revanche, les chiens dormaient dans la douche, sans aucune raison en particulier, ce qui expliquait peut-être pourquoi Clair ne s'était pas encore lavé.
Le papa adoré de Terrence et de Mathilda décida de les câliner plus tard, il avait une chose plus importante à faire.
En effet, Ethan, curieux, décida qu'il était grand temps de rentrer dans la cuisine, voir ce qu'il se passait.
Quelle ne fût pas sa surprise quand son œil encore valide vit clairement et distinctement son compagnon du moment en train de préparer lui-même le repas ! Et un curry de ce qu'il sentait !
— Je suis rentré très cher ! Qu'est-ce que tu nous as préparé de bon ? Ta journée s'est bien passée ?
— Eh bien... euh... comme aujourd'hui c'est le jour des consultations je me disais que, peut-être, tu allais être un peu tendu... Alors j'ai essayé de te faire plaisir avec quelque chose de bon... Ça te dérange ?
Ethan déposa un petit baiser sur la joue droite de Clair en guise de réponse. Puis, il l'embrassa deux fois de plus, de plus en plus proche de ses lèvres percées. Alors, une fois arrivé devant son objectif, il se mit à mordre doucement l'un des piercings, le tirant un peu vers lui.
L'homme aux cheveux rouges se mit à gémir doucement, et lâcha la cuiller en bois qu'il tenait jusque-là fermement dans sa main.
— Ethan... oh Ethan... je n'ai... pas encore fini le repas...
— Je te laisse faire alors ! Amuse-toi bien !
Et sur ce, Ethan se décala de quelques pas, tout en humant la bonne odeur du curry. Il jeta un coup d'œil sur l'énorme casserole qui cuisait sur la plaque à induction, et surtout sur les morceaux de poulet qui trainaient dans une épaisse sauce jaune très appétissante.
— Sache juste une chose Clair...
— Oui... ?
Une flamme traversa l'œil du psychiatre. Avide.
— Tu seras mon dessert !
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Sac de Papier
Mystery / ThrillerLes habitants de Sainte Haelen n'osent plus sortir de chez eux. La raison ? Le mystérieux tueur au sac de papier qui sème la terreur depuis six mois. Une seule solution pour que la police puisse l'attraper : Ethan Leroy, psychiatre de renom, habile...