Chapitre 41 : Point mort

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Gabriel Jimenez était dans la merde. Une fois de plus. Le tueur avait encore frappé, et le policier était rentré de weekend pour lire tous les rapports concernant la nouvelle victime. Il allait falloir qu'il pense à informer le docteur Leroy de cette nouvelle découverte.

Il espérait juste que le psychiatre allait pouvoir l'aider. Il ne pensait sincèrement pas qu'il allait faire l'affaire, mais il fallait tenter le tout pour le tout. Il fallait à tout prix que le nombre de victimes ne monte pas plus, les journalistes étaient sur ses talons, et le harcelaient de questions dont il n'avait pas les réponses.

Jimenez était complétement débordé. Au moins le bleu qui l'accompagnait était d'une aide relative. C'était mieux que rien. Et Francis qui n'était toujours pas arrivé...

Alicia Kidmann travaillait sur les premiers éléments du dossier. Elle détaillait tout ce qu'il y avait à détailler, et prenait bien son temps. Mais elle semblait efficace. Particulièrement efficace.

Elle avait repéré plusieurs cas qui sortaient de la norme que s'était imposée le tueur. Sur les dix premiers meurtres, deux étaient légèrement différents, des victimes qui n'étaient ni les premières ni les dernières. Pour commencer, il y avait plus de marques de piqures sur leur corps, respectivement cinq et six, alors qu'on tournait habituellement entre deux et trois.

Ensuite, leur expression faciale étaient plutôt ordinaires, et ne supposaient pas la terreur : les malheureux étaient morts presque sereinement. Ils ne semblaient pas avoir péris de crise cardiaque, contrairement aux autres. Cela ressemblait plutôt à une overdose.

Mais de quel produit ? Mystère le plus complet, on n'avait détecté aucune molécule particulière qui serait restée dans l'organisme. C'était presque surnaturel. Mais Alicia n'y croyait pas.

Bien entendu, cela venait peut-être d'une erreur du tueur, mais c'était tout de même troublant. La jeune femme poursuivait ses réflexions dans son coin, et ne venait déranger Jimenez que si elle trouvait quelque chose d'intéressant, ce qui n'était pas arrivé souvent.

Ce dernier lissait frénétiquement sa moustache de la main droite. Un réflexe qu'il avait chopé dans ses premières années dans la police. Ses collègues avaient appris à leur dépens qu'il valait mieux ne pas le déranger quand il avait ce tic.

Il appela Ethan Leroy sur son téléphone du travail. Le psychiatre mit une dizaine de secondes à décrocher, il était peut-être occupé. Ou bien il voulait juste le faire chier.

Non, il était simplement occupé, après tout, il était en charge de l'unité carcérale de Sainte Marie, bien sûr qu'il n'avait pas tout le temps du monde à consacrer au policier.

Si seulement c'était l'inverse, l'enquête avancerait peut-être un peu.

La voix du médecin se fit entendre à l'autre bout de l'appareil. Il semblait plutôt en forme, contrairement à Gabriel.

— Bonjour, qui est à l'appareil ?

— Bonjour docteur, c'est l'inspecteur Jimenez. J'imagine que vous avez vu les infos hier, on a découvert un nouveau cadavre.

Le médecin marqua un temps d'arrêt, avant de lui répondre. Cela avait duré deux secondes, pas grand-chose, mais suffisant pour qu'on puisse le remarquer. Il semblait surpris.

— Vous pouvez répéter ?

— Un nouveau corps a été découvert samedi. Vous avez dû voir les informations hier, c'était sur pas mal de chaines, ces vautours de journalistes ne nous ont pas laissé tranquille, comme d'habitude...

Le docteur Leroy laissa encore un blanc. Il semblait vraiment surpris.

— Je suis désolé, j'ai très mal dormi samedi soir, j'ai passé la journée du dimanche loin de tout. C'est... c'est encore lui ? Vous êtes sûr ?

— Il semblerait oui, masque en papier kraft sur la tête, marque de piqures et expression un peu particulière. Il y a de fortes raisons de penser que c'est notre homme. Vous allez bien doc ?

— Oui, oui... Je suis juste surpris, c'est tout. Il n'y avait pas un corps vendredi ? Il aurait tué encore en aussi peu de temps ? Mazette...

— Vous commencez à m'inquiéter, vous êtes sûr que vous allez bien ? On dirait que ça vous choque plus que l'avant dernière découverte, ça vous...

— Attendez un instant, ne raccrochez pas, je reviens...

Et sur ce, le psychiatre le mit en attente, sans vraiment avoir de raison. Qu'est-ce qui lui prenait ?

La voix du médecin se fit entendre une dizaine de secondes plus tard. Il avait dû se prendre un café pour se détendre, il avait bien une cafetière dans son bureau.

Comme pour donner raison à Jimenez, le vrombissement de la machine se faisait entendre même du côté de l'inspecteur.

— Alors, vous avez trouvé quelque chose doc ?

— Oh non, pas vraiment... Je suis perplexe. Il aurait tué plus que d'habitude ? C'est très étrange... Passez-moi les nouveaux détails du dossier dès que possible, je les étudierai avec une attention toute particulière. Le mieux serait que vous me les donniez en mains propres, je ne voudrais pas qu'ils se perdent dans mes mails.

— C'était ce que j'allai faire doc, c'était ce que j'allai faire.

— Bien, bien. Dans ce cas, passez quand vous voulez dans mon bureau. Pensez simplement à prévenir mon supérieur, vous savez, histoire d'officialiser ça.

Et sur ce, le docteur raccrocha.

Il devait être bien occupé. Comme Jimenez.


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