Alicia et Gabriel réfléchissaient ensemble sur la nouvelle victime du tueur au sac de papier. Leur crâne était sur le point d'exploser, surtout celui de Jimenez, qui ne dormait plus de la nuit depuis trop longtemps. Il alluma une cigarette, et tira longuement sur cette dernière, histoire de se sentir mieux pendant quelques temps.
La nicotine imprégna ses poumons et calma un temps son esprit en ébullition. Mais il savait que cela ne suffirait pas, il en aurait encore besoin de plus. Beaucoup, beaucoup plus.
Sans sa dose, il devenait irascible et agressait verbalement ses collègues. La clope était devenue sa meilleure amie, et il la fumait même dans son bureau, alors qu'il n'avait pas le droit. Mais personne ne lui dirait jamais qu'il devait aller dehors, car tout le monde au sein du commissariat voyait dans quel état le mettait le tueur.
Personne ne souhaitait qu'il abandonne, car cela aurait signifié reprendre le dossier de l'assassin. Tout le monde voyait à quel point il mettait à l'épreuve la patience de Jimenez et de son équipe un brin trop petite pour un cas de ce genre. Les aides financières et humaines de l'Etat n'étaient tout simplement pas suffisantes. Il fallait un soutien encore plus important, mais il tardait à venir. Monsieur le président avait sans doute de meilleures choses à faire.
Combien d'autres corps allait-on devoir trouver pour arrêter ce taré ? Beaucoup trop, même si l'inspecteur espérait tout le contraire.
Gabriel regarda encore les comptes-rendus d'autopsie.
Quelque chose clochait. Ça ne pouvait pas être son homme, les sévices subis par la victime et son état physique étaient trop en décalage avec les précédents morts. Il y avait une dizaine de marques de piqûres sur les bras du pauvre jeune homme. Son assassin ne savait pas utiliser correctement une seringue. Il se tourna vers Alicia, qui confirma d'un regard l'avis de son supérieur. Gabriel laissa libre cours à ses pensées.
— Je n'en reviens pas... Maintenant il a un imitateur... Génial...
Alicia reprit la parole. L'inspecteur devait certainement l'angoisser à fumer sans s'arrêter et à tirer une gueule de déterré.
Pourquoi avait-elle été admise au sein de cette équipe déjà ? Sans doute à cause de son nom de famille à consonnance germanique. On préférait mettre les gens dont le nom avait une consonnance étrangère ensemble dans ce foutu commissariat.
Comme dans beaucoup d'autres commissariats d'ailleurs.
— Vous pensez qu'on pourra arrêter le copycat plus facilement que notre vrai tueur en série ?
Jimenez tira longuement sur sa cigarette, avant de l'écraser dans le cendrier prévu à cet effet. Il alluma une nouvelle clope, et tira avec un tout petit peu moins d'entrain.
— Franchement, je n'en ai aucune idée. Je vais appeler le doc, si ça se trouve il en est arrivé aux mêmes conclusions que nous. Du moins, s'il est bon dans son métier... J'espère vraiment qu'il pourra nous aider, je n'ai pas envie que l'enquête ne piétine plus que maintenant. Je commence à en avoir ma claque de ce putain de dossier à la con.
La jeune femme haussa les sourcils, comme elle le faisait à chaque fois que Jimenez était trop vulgaire.
— Pardon, la faute à mes dernières nuits blanches.
Et sur ce, l'homme se dirigea vers le téléphone de son bureau et composa le numéro qu'il connaissait presque par cœur du complexe hospitalier Sainte-Marie. Il dut attendre près de cinq minutes pour qu'on prenne enfin en charge son appel. On le redirigea à sa demande vers celui qu'il désirait contacter.
La sonnerie retentit dans le vide très exactement trois fois, avant que l'on ne décroche.
— Bureau du docteur Leroy j'écoute !
— Bonjour doc, c'est l'inspecteur Jimenez, je viens aux nouvelles concernant le dossier du tueur au sac de papier. On a fait une drôle de découverte aujourd'hui...
— Laissez-moi deviner, vous vous êtes rendu compte que la dernière victime est celle d'un imitateur ? A moins qu'il n'y ait encore un nouveau cadavre, auquel cas je vous souhaite bon courage quant à l'avancée du dossier.
— Vous êtes perspicace, ce n'est pas lui cette fois. Une idée du pourquoi du comment en ce qui concerne notre nouvel homme ? Toute piste nous est extrêmement précieuse.
Il y eut un blanc de quelques secondes. Leroy devait très certainement relire ses notes, ce qui n'était guère étonnant vu la quantité de travail qu'il devait abattre avec ses responsabilités en tant que médecin chef de l'unité carcérale de l'hôpital.
Il devait être surchargé, comme l'équipe de Jimenez.
— C'est un homme dans la moyenne, il veut sans doute faire parler de lui car il se sent incompris. Il imite le tueur au sac de papier sans doute dans le but de prendre sa place. Du moins c'est ce que j'imagine. Il a sans doute piqué un humain pour la toute première fois avec ce pauvre garçon. Il ne s'entraîne pas et choisi ses cibles sans doute parce qu'elles sont proches de lui. Trouvez quel adulte était proche de cette victime et vous trouverez le copycat.
Un sourire illumina soudainement le visage de Gabriel.
Le doc était bien plus utile qu'il ne l'avait prévu.
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Sac de Papier
Misterio / SuspensoLes habitants de Sainte Haelen n'osent plus sortir de chez eux. La raison ? Le mystérieux tueur au sac de papier qui sème la terreur depuis six mois. Une seule solution pour que la police puisse l'attraper : Ethan Leroy, psychiatre de renom, habile...