Le docteur Leroy était bien occupé aujourd'hui. Encore et toujours de la paperasse à terminer le plus vite possible. Pourtant, cela ne le lassait pas, il tâchait toujours de finir son travail en temps et en heure. Il n'était pas toujours très efficace, mais faisait de son mieux.
On ne pouvait pas le qualifier de fainéant, contrairement à la plupart de ses camarades psychiatres. Son service ne commençait qu'à dix heures, mais il venait toujours au moins deux heures en avance, afin d'avoir tout le temps du monde pour faire ce qu'il avait à faire.
Il regarda négligemment l'heure. Midi pile, soit le moment de déjeuner. Il mit la feuille qu'il était en train de parcourir dans le classeur d'où il l'avait tiré, se mit debout, et quitta son bureau en prenant bien soin de le fermer à clef derrière lui.
Il s'installa au réfectoire dédié au personnel soignant, et chercha Jessica des yeux. Il ne la trouva pas, ce qui le mit un peu de mauvaise humeur. Il demanda à une infirmière dont il n'arrivait jamais à retenir le nom si elle n'avait pas vu sa collègue.
— Madame Sanchez ? Je crois qu'elle distribue encore les repas. Elle devrait terminer avec monsieur Deschamps il me semble. Elle ne devrait pas tarder.
— Merci beaucoup. Je vais voir si je ne peux pas la trouver par moi-même.
— D'accord monsieur. Après, je pense vraiment qu'elle va bientôt arriver si vous attendez un peu.
Ethan était encore plus agacé, mais n'en montra rien. Il se contenta d'un petit sourire dont la partie gauche s'affaissa un peu, lui donnant une tête grimaçante des plus effrayantes. Il faisait souvent peur sans le vouloir, alors qu'il désirait avoir l'air le plus intègre et naturel possible. Comme quoi on n'a pas forcément ce que l'on veut.
Il quitta le réfectoire tranquillement, puis se dirigea à pas de loup vers la section où était enfermé Alix. D'ordinaire les infirmiers donnaient leur repas aux patients par deux, au cas où le malade venait à devenir dangereux. Mais pour une raison obscure, Jessica était partie donner leur nourriture aux patients toute seule.
Oh, Ethan ne craignait pas pour elle, il savait parfaitement qu'elle pouvait se défendre toute seule. Mais l'imaginer discuter un peu avec l'albinos lui glaçait le sang. Une folle dingue de lui avec une autre personne amoureuse de lui ne pouvait pas faire bon ménage ensemble. Quelque chose risquait de se produire s'il n'y avait personne pour arrêter la trentenaire. Cette dernière pouvait être vraiment effrayante quand elle s'y mettait.
Il arriva rapidement dans la bonne section. Il tomba sur le chariot contenant les plateaux repas. Il n'en restait qu'un seul. Et la porte de la chambre d'Alix était fermée. Le psychiatre ne se sentait pas bien. Quelque chose était en train d'arriver. Il se hâta et ouvrit la porte, non sans poser l'autre main sur sa bombe au poivre, on n'était jamais trop prudent.
Alors, la scène qu'il redoutait était en train de se dérouler sous ses yeux.
L'infirmière était au-dessus du patient, le genou sur son entrejambe, sa main gauche comprimant les deux poignets de sa proie au-dessus de sa tête et sa main droite écrasant la trachée du malheureux. Ce dernier semblait inconscient.
Jessica, alertée par l'ouverture de la porte, se retourna brutalement, un air glacial imprimé sur le visage.
Elle soupira en voyant que ce n'était qu'Ethan.
— Tu l'as tué ? demanda Ethan dans la panique la plus totale, même si son visage n'en montrait rien.
— Non, il est juste évanoui. Il ne devrait pas y avoir de bleu, ne t'en fais pas.
— J'espère bien très chère, sinon tu serais dans de beaux draps. J'ai beau être chef de secteur je ne pourrai pas t'aider si on voit que tu dépasses les bornes. Réveille-le.
La jeune femme soupira, avant de secouer vivement Alix. L'intéressé ne réagit pas tout de suite, et mit du temps à sortir de son sommeil involontaire. Il finit par ouvrir les yeux, et couina dès qu'il aperçut Jessica.
— Relax, tout va bien. Le bon docteur est derrière moi. Arrête de gigoter et je te laisserai tranquille.
L'intéressé fit de son mieux pour arrêter de trembler, et, profitant du relâchement de l'étau qu'étaient les mains de la femme, il recula de quelques pas.
— Alix, mon petit, je vais discuter avec madame Sanchez. En échange, tu ne diras à personne ce qu'il s'est passé ici. Je vais te donner de nouveaux médicaments plus tard. Tout va bien se passer, d'accord ? Tout va bien, vous vous êtes juste un peu chamaillés comme des enfants, mais maintenant tout va pour le mieux. Allez, prend ce plateau repas et avale bien la pilule colorée. Nous repasserons récupérer ton plateau plus tard.
Ethan attendit patiemment que le jeune homme gobe son médicament avant de laisser Jessica refermer la porte.
— Eh bien, que s'est-il passé là-dedans ?
— Il a tenté de me sauter à la gorge, je me suis défendue. C'est tout.
Le psychiatre sourit une nouvelle fois.
— J'imagine que tu as tes raisons. Je sais bien qu'il ne faut pas te chercher !
— Tu l'as dit... Bon, allons manger.
Dieu que cette femme était incroyable.
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Sac de Papier
Mystery / ThrillerLes habitants de Sainte Haelen n'osent plus sortir de chez eux. La raison ? Le mystérieux tueur au sac de papier qui sème la terreur depuis six mois. Une seule solution pour que la police puisse l'attraper : Ethan Leroy, psychiatre de renom, habile...