Chapitre 19 : Sociabilisation

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Clair avait mal au cul. Sacrément mal au cul. Incroyablement mal au cul. Et à la gorge, il avait du mal à parler.

La séance de sexe de la veille avait été tout simplement incroyable : jamais ses fantasmes les plus secrets ne pourraient être plus chauds que la soirée dernière. Ethan l'avait détruit, si bien qu'il doutait de pouvoir s'entrainer sur une des barres du club de pole dance aujourd'hui.

Mais il devait le faire malgré tout. Il ne voulait ni ne devait décevoir l'homme qu'il aimait de tout son petit cœur fragile. Car il avait pour mission de faire une belle performance le lendemain soir.

Un peu de crème sur son anus endolori et Clair partit promener les chiens. Pour une fois, Terrence et Mathilda ne tiraient pas trop sur leur laisse. Il ne prit même pas la peine de passer par le parc pour enfants où il avait l'habitude de trainer quand il les baladait, ce qui ne sembla pas déranger les deux dobermans.

Une fois de retour à la maison le jeune homme passa l'aspirateur, puis la serpillère, serpillère que les chiens se mirent à poursuivre pour jouer. Clair trouvait cela à la fois pénible et mignon comme jamais. Il termina le ménage en un temps record, et s'enfonça profondément dans les draps qu'il avait changé le matin.

Il s'endormit rapidement, avant de se lever pour la deuxième promenade de Terrence et Mathilda. Son derrière allait nettement mieux, ce qui ne voulait dire qu'une chose : il pourrait finalement s'entraîner pour la soirée du lendemain.

Une fois les chiens de retour à la maison, Clair se prépara pour aller au club de pole dance. Il fit son sac, prit le bus, ignorant de son mieux le regard des gens et enfonça profondément ses écouteurs dans ses oreilles. Il paraissait que cela pouvait entraîner des conséquences désastreuses pour l'ouïe, mais il s'en moquait bien pour l'instant.

Il arriva au club un peu plus tôt que prévu, la circulation ayant été plutôt fluide aujourd'hui. Il salua le vigile, et se prépara dans les vestiaires, où il croisa madame Edwards, celle qui lui avait donné les cours qui avaient fait de lui un excellent danseur. Il lui serra la main sans réprimer le sourire qui était en train de poindre sur son visage, avant de s'atteler à la tâche.

Il s'essaya à quelques mouvements courageux pendant que la presque quarantenaire aux cheveux d'argent donnait son cours à ses élèves. Clair distingua nettement Marilyn, et pria de tout son cœur qu'elle ne vienne pas le déranger.

Mais c'était peine perdue. Après le cours d'une heure et demie, la jeune femme se dirigea vers lui avant même qu'il n'ait le temps de quitter la barre. Ah, s'il avait su, il serait parti plus tôt. Quelle idée de merde de prolonger sa séance !

— Salut ! Ça va ?

Clair ne savait pas comment se sortir du pétrin qu'il avait lui-même contribué à créer. Il rendit les armes avant même de commencer à se battre.

— Je... ça va, ça va. Je vais bientôt partir.

— Oh non, reste un peu ! Tu m'as l'air d'être une personne intéressante ! Ça te dirait un café ? Je connais une super enseigne pour ça ! Ah, mais si tu n'aimes pas le café ce n'est pas grave ! Leurs thés et leur chocolat sont excellents aussi, ne t'en fais pas ! Alors, ça te dirait ? Mais si tu ne veux pas ce n'est pas grave, on trouvera une autre occasion de faire plus ample connaissance ! Après je ne veux pas m'imposer non plus.

Plusieurs pensées émergèrent dans la tête du jeune homme. Déjà pour commencer, il se faisait draguer ouvertement. Quelque part, il se disait que ça devait être normal, avec ses cheveux rouges et ses piercings à la lèvre il était un peu particulier, alors forcément qu'il allait attirer l'attention. Mais il ne quitterait ce physique pour rien au monde, car Ethan l'adorait.

Ensuite, il se rappela ce que ce dernier lui avait dit. « Si tu as l'occasion de te faire des amis, n'hésite surtout pas. Tant que tu me restes fidèle, tu peux faire ce que tu veux, ça me va parfaitement. »
Clair réfléchit un instant, avant de se décider. La jeune femme l'intimidait, mais après tout pourquoi pas. Il se lança, il n'avait rien à perdre de toute façon.

— D'accord, je veux bien prendre un café. Enfin, un chocolat, je n'aime pas trop le café. C'est loin ?

— Oh super, je suis trop contente que tu ais accepté ! Non, ce n'est pas très loin, il suffit de prendre le bus au coin de la rue, et on y est en moins de dix minutes !

Cela rassura un peu Clair. Il avait un excellent sens de l'orientation, alors il ne devrait pas se perdre. Du moins pas trop vite.

Cette jeune femme était étrange, mais pas dans le mauvais sens du terme. Peut-être bien qu'il allait s'en faire une amie, même si elle était très bizarre.

Cela étant dit, il était lui aussi très bizarre.

Qui se ressembles'assemble.


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