Sac de Papier

Chapitre 75 : Réflexions 2

Ethan était seul chez lui. Son compagnon, le beau mais bien faible d'esprit Clair, était parti voir une amie à lui. C'était sans doute cette Marilyn, dont l'homme à la mèche blanche parlait souvent. Il le questionnerait de toute façon à son retour, mais sans paraître trop insistant. Il avait besoin d'en savoir plus. Il avait besoin de contrôler un minimum cette personne si particulière à ses yeux. Car Clair était à lui et à personne d'autre. C'était sa propriété.

Si Marilyn tentait quoi que ce soit avec son homme, il trouverait le moyen de se venger. Et sa vengeance serait terrible.

En parlant de vengeance, il faudrait qu'il aille rendre une petite visite de courtoisie à Camilla, cette garce qui avait tenté de violer l'homme à la mèche blanche. C'était même une impérieuse nécessité. Il allait bien s'occuper d'elle. Comme il se devait.

Le médecin était tout de même heureux que Clair ait quelqu'un à qui parler, bien que cela le chagrinât dans le même temps. En effet, il n'était plus seul à être dans la vie de son homme. Cela étant dit, il connaissait la discrétion et la timidité de son amant, aussi il savait très bien que ce dernier ne pouvait pas le mettre en danger. Clair n'avait pas les couilles pour balancer Ethan à la police ou à son amie. Il ne pourrait pas le dénoncer en tant que tueur au sac de papier, c'était impossible pour lui.

Oui, impossible.

Il pensait à Jessica. Elle lui manquait déjà, alors que cela faisait à peine moins de vingt-quatre heures qu'il l'avait vu. Il avait oublié à quel point le sexe avec elle était bon. Ça le changeait de Clair, qui faisait un parfait soumis. La femme lui résistait. Elle lui avait toujours résisté, c'était la seule qui le comprenait vraiment sur toute la terre. Personne ne pourrait jamais la remplacer, et Ethan comprenait à présent à quel point il avait été malheureux sans elle.

Il était son yang, elle son yin. Ensemble, rien ne pouvait les arrêter. Il pensait sincèrement à faire d'elle sa camarade de jeu en tant qu'assistante du tueur en série qui terrorisait la région. Ils allaient faire de grandes choses à deux, des choses plus qu'excitantes : des choses nécessaires pour leur bien. Ils allaient faire ce qu'ils voulaient, et quand ils le voulaient. Et personne ne pourrait les arrêter.

Le médecin avait commencé à durcir sans vraiment y réfléchir. Elle avait emprisonné son esprit et volé son cœur. Ils étaient faits l'un pour l'autre. Ils ne pouvaient plus se séparer, c'était impossible à présent.

Quoi que cela n'avait pas empêché leur séparation il y a six ans. Ah, l'année 2010 avait été très dure pour lui ! Il était encore jeune et inexpérimenté, il n'avait que vingt-six ans et elle vingt-huit. Mais tout de même, quelle vie sexuelle endiablée ! Il se rappellerait toujours sa première fois avec cette femme.

Ç'avait été sauvage et tendre en même temps. Ç'avait été violent et doux en même temps. Et Dieu qu'il avait aimé ça.

Il avait déjà eu des rapports avec un camarade de classe au lycée, juste avant sa défiguration, mais il n'en avait jamais parlé à Jessica. Ce garçon avait été sa première fois, et honnêtement, s'il devait la recommencer, il le ferait exactement de la même manière.

Il avait été le pénétrant, et s'était plutôt mal préparé. L'autre avait eu mal, et même un peu saigné, mais il n'avait osé rien dire. Ethan savait parfaitement ce qu'il avait fait, mais cela ne l'avait pas plus touché. Pas le moins du monde. Il ne comprenait pas à l'époque que son amant avait lui aussi eu besoin de plaisir, mais qu'importait, tant que le futur médecin prenait son pied.

Le tueur au sac de papier commença à se masturber en pensant à Jessica. Il se remémorait son visage si doux et délicat. Il pensait à son sourire, qui était pour lui le plus beau du monde. Il pensait à ses yeux, d'un brun délicat, avec ce qu'il pensait être des pépites d'or enfermées à l'intérieur de la pupille. Il pensait à sa lourde chevelure noire, au toucher si particulier. Il pensait à la courbe de ses seins, si délicieuse à effleurer. Il pensait à ses ongles parfaitement manucurés, et qui labouraient autrefois son dos avec ardeur. Il pensa à ses dents légèrement imparfaites, ce qui lui donnait un air craquant au possible.

Il n'aurait pas su quoi répondre si on devait lui demander ce qu'il ressentait pour cette femme. Probablement de l'amour, même s'il n'était pas sûr. Ethan semblait condamné à ne pas connaitre l'amour.

Soudain, quelqu'un sonna à la porte, l'arrachant à sa séance de masturbation. Il regarda par la fenêtre pour voir qui osait le déranger.

Il se calma assez rapidement, avant de durcir encore plus violemment. Il bandait si durement que ça faisait mal.

C'était Jessica, habillée d'une petite robe blanche qui semblait lui faire un très beau décolleté dans le dos.

— J'arrive très chère, j'arrive !

Son cœur battait la chamade. Il était heureux.

C'était la première fois depuis six ans.