Chapitre 61 : A deux c'est mieux

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Jessica était rentrée chez elle accompagnée d'Ethan. Ce dernier avait manifestement des choses à lui dire, des choses très importantes selon ses propres termes. Elle se doutait bien de ce qu'il allait lui balancer, mais elle restait ouverte à tout ce qu'il pourrait potentiellement annoncer.

Ils s'installèrent dans le salon de la maison qu'il lui louait en parfaite illégalité. Il ne tenait pas à ce qu'elle soit officiellement installée chez lui. Quant au pourquoi du comment, c'était le grand mystère. Quoiqu'elle se doutât bien de la raison derrière cet acte. Car il ne pouvait y en avoir qu'une seule : il devait rester loin de la loi pour pouvoir continuer à faire ses petites affaires tranquillement.

— Alors, comment se passe ta semaine pour l'instant, ma chère ?

— Je dirais pas trop mal pour l'instant. Tu ne voulais pas que ton petit ami nous entende ?

Ethan haussa le seul sourcil qui lui restait. Cela voulait dire « perspicace », à coup sûr.

— Décidément je ne peux rien te cacher... Bien, j'ai quelque chose à t'avouer, même si je pense que tu t'en doutes un peu...

— Laisse-moi deviner, tu vas me dire que tu es le tueur au sac de papier ?

L'homme siffla d'admiration. En plein dans le mille. Il souriait de toutes ses dents. La partie gauche de ses lèvres remonta un peu, avant de s'affaisser mollement. Il n'avait toujours pas repris le contrôle de cette partie de son corps, ce qui rassura un peu Jessica. Ainsi, elle l'avait marqué à tout jamais.

C'était bien ainsi. C'était même très bien. Tout était dans l'ordre naturel des choses.

— Je ne sais pas comment tu as été mise au courant, mais c'est du grand art ! Oui, c'est bien moi, tu es toujours aussi forte à ce genre de devinettes ! Tu vas me dénoncer ? Sache que si tu venais à le faire je serais dans de beaux draps.

— Pas si tu me laisses jouer avec toi. A deux c'est mieux tu sais...

Ethan se mit à rire. A rire franchement. Jessica était certaine que s'il était nu, elle pourrait voir une érection. Et le côté gauche de ses lèvres pendouillait encore misérablement, cachant un peu les dents à découvert.

— Eh bien eh bien... Tu es bien meilleure que ce que j'imaginais ! Honnêtement je pensais que tu me dénoncerais à la police, et tu aurais eu bien raison, je suis trop dangereux pour cette société.

— Au moins tu l'admets de bon cœur. Tu es un cancer pour le monde entier, même ton petit souillon mériterait mieux qu'une ordure de ton genre. Et pourtant il tient à toi, comme à la prunelle de ses yeux. Alors qu'il devrait savoir qu'il n'y a qu'une seule personne dans ta vie, moi en l'occurrence. Tu n'as pas oublié n'est-ce pas ? Nous ne formons toi et moi qu'une seule et même personne, même si nos deux moitiés de cœur se sont retrouvés éloignées pendant si longtemps. J'ai compté chaque jour qui nous a séparé jusqu'à ce début de semaine. C'était juste...

— Trop long hélas, trop long. Ça me faisait du mal de ne pas te revoir. Mais tu sais, ce n'était pas si douloureux que cela. Après tout, je me rappelais et me rappelle de toi chaque fois que je me regarde dans un miroir. Ce n'est toujours pas soigné tu sais.

— Comme si tu t'en souciais ! Tu n'en as jamais rien eu à foutre de cette blessure... Je suis presque certaine qu'on t'a proposé des greffes de peau récemment, et que tu as complètement ignoré cette possibilité. Admets-le, tu es mordu de moi, ton monde n'est pas complet sans moi, et même cette petite pute de gothique ne te suffis pas !

— Je le sais bien ! Et toi, qu'es-tu sans moi ? A part une maniaque sans cœur, une maniaque qui pense comme une dingue.

Touché en plein cœur. S'il ne s'agissait pas d'Ethan elle aurait sans doute tué froidement la personne qui a osé utiliser ce mot sur elle. Elle détestait qu'on l'appelle dingue.

— Tu as bien raison... Alors, qu'est-ce que tu vas faire ? Me laisser jouer avec toi ? Je t'assure que tu ne le regretterais pas.

— Si tu n'avais pas été toi j'aurais dit non... Mais tu as raison, mon monde est incomplet sans toi. Pour autant, si je devais me marier, ce serait sans doute avec cette « pute » comme tu l'appelles. Tu le sais bien, toi et moi nous ne sommes pas faits pour nous aimer au grand jour, c'est ainsi.

Jessica s'approche d'Ethan, jusqu'à ce que leur visage ne soit qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Alors, d'un geste brutal, elle arracha le pansement qu'il avait sur la joue gauche. Il fit un petit cri de chien battu, avant que la trentenaire ne lui morde la plaie presque complètement guérie à pleines dents.

Lorsqu'elle se retira, la peau s'était un peu déchirée. Pas grand-chose mais juste assez pour que ce soit visible.

— Alors, j'ai le droit de jouer avec toi ?

En guise de réponse, Ethan l'embrassa avec une fougue qu'elle ne connaissait que trop bien.

Cela voulait dire oui.


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